Le trophée de la Coupe du monde féminine de football, présenté à Boulogne-Billancourt le 8 décembre 2018. / FRANCK FIFE / AFP

Pour Erwan Le Prévost, « les journées ne sont pas assez longues et les nuits sont trop courtes ». Car la Coupe du monde féminine 2019, dont il dirige le comité d’organisation (LOC), démarre dans 100 jours, le 7 juin.

Ancien membre de l’encadrement du sélectionneur des Bleus, Didier Deschamps (2012-2014), le quadragénaire coordonne le travail des 147 collaborateurs du comité d’organisation. Cette « émanation de la Fédération française de football [FFF] », perchée au 49e étage de la tour Montparnasse, à Paris, est dotée d’un budget de 65 millions d’euros. Et il lui reste trois mois pour préparer le premier Mondial féminin organisé en France.

  • Billetterie

Avant l’ouverture de la billetterie pour les places à l’unité, le 7 mars, 500 000 billets, sur les 1,3 million disponibles, ont été vendus par « packages », depuis septembre 2018. Lyon (147 000 places vendues), ville organisatrice des demi-finales et de la finale, Paris (118 000) et Rennes (53 000) sont les trois villes les plus attractives. Un important contingent de spectateurs étrangers s’est jeté sur ces offres groupées (47 % des places déjà vendues), dont la moitié des Etats-Unis, nation phare du football féminin. « On veut attirer un public familial et populaire, explique M. Le Prévost. En phase de groupes, on peut acheter des places de 9 à 45 euros et jusqu’à 84 euros en catégorie 1 pour la finale à Lyon. »

Si les matchs de l’équipe de France se joueront à guichets fermés, certaines rencontres vont nettement moins attirer les foules. « Quinze mille spectateurs pour un Cameroun-Pays-Bas [à Valenciennes], ce serait déjà un énorme succès, estime le patron du comité d’organisation. On n’ira jamais chercher des gens, à une semaine de l’événement, s’il reste 3 000 places à remplir dans un stade. Il n’y aura pas de maquillage. »

  • Pas de camp de base pour les 24 équipes

Les arguments du LOC n’ont pas convaincu la Fédération internationale de football (FIFA) : les 24 équipes qualifiées pour le Mondial ne disposeront pas de camps de base fixes lors du tournoi, à l’inverse d’une Coupe du monde masculine, où les sélections rayonnent depuis un centre d’entraînement et rejoignent le stade la veille du match. Même les Bleues de Corinne Diacre ne pourront pas bénéficier des infrastructures de leur quartier général de Clairefontaine (Yvelines), question d’équité avec leurs adversaires.

Mais 37 terrains d’entraînement, répartis sur tout le territoire, seront mis à la disposition des sélections et arbitres durant la compétition. Une évolution par rapport à l’édition 2015 : au Canada, trois équipes se partageaient le même stade entre les matchs.

« C’est une norme aujourd’hui de penser qu’une Coupe du monde féminine équivaut à un Mondial masculin. Sauf que le second existe depuis 1930 et la première depuis 1991. Il n’y a pas le même nombre d’éditions ni le même niveau de revenus. Le camp de base va finir par arriver, mais pas pour cette édition », développe M. Le Prévost.

  • La sécurité au cœur de l’organisation

En termes de sécurité, l’Euro 2016 constitue un modèle pour le LOC du Mondial 2019. « Le contexte n’a pas changé depuis le 13 novembre 2015 et France-Allemagne [au Stade de France, autour duquel trois kamikazes s’étaient fait exploser]. Tout le monde a pris conscience que le stade pouvait être le lieu de la pire des expressions, des revendications », observe M. Le Prévost.

Cette fois, pas de fan-zones dans les villes hôtes, dont la sécurisation avait donné des tracas aux municipalités. « Il y aura des villages d’animation, comme la place de la Comédie à Montpellier, ou près des Halles à Paris, qui seront des lieux ouverts, de passage, avec des barrières pour gérer les flux et sécuriser les personnes. On ne prendra pas le Champ-de-Mars, par exemple. »

  • Le parcours des Bleues, condition sine qua non du succès du tournoi ?

Compte tenu de la notoriété relative du football féminin en France, la crainte existe que le soufflet du Mondial retombe en cas d’élimination précoce des Bleues. Pour Erwan Le Prévost, « dire que le succès de l’événement repose sur le parcours sportif de l’équipe de France, c’est se mettre en danger comme jamais. On a 52 matchs et 24 équipes, on ne fait pas 23 d’un côté et une de l’autre ».

« Evidemment, on n’a aucune envie que les Bleues soient éliminées en quarts contre les Etats-Unis au Parc des Princes, le 28 juin, concède-t-il. Pour autant, l’événement devra continuer. »