Des athlètes aux championnats du monde de ski de fond, à Seefeld (Autriche). / LISI NIESNER / REUTERS

La police est de retour sur les pistes de ski de fond. Les autorités autrichiennes et allemandes ont mené des perquisitions coordonnées, mercredi 27 février, bouleversant les championnats du monde de ski nordique tenus à Seefeld, dans le Tyrol autrichien.

L’« opération Aderlass » visait à démanteler un réseau de dopage basé en Thüringe (Allemagne). Sept personnes, dont cinq skieurs de haut niveau, ont été arrêtées. « Ce groupe criminel basé à Erfurt est fortement suspecté d’avoir dopé des athlètes de haut niveau pendant des années pour améliorer leurs performances lors de compétitions nationales et internationales, obtenant ainsi des revenus illégaux », a fait savoir la police autrichienne.

Selon son porte-parole, Dieter Csefan, d’autres sports pourraient être liés à ce réseau de dopage.

Ancien médecin d’équipes cyclistes allemandes, le docteur Mark Schmidt a été arrêté à Erfurt. A l’époque où il travaillait pour la sulfureuse équipe Gerolsteiner, disparue en 2008 en raison d’une accumulation de cas de dopage, il avait été accusé par son coureur Bernhard Kohl de l’avoir aidé à se doper – accusations démenties à l’époque. Mark Schmidt avait ensuite occupé des fonctions similaires dans l’équipe allemande Milram avant de quitter le monde du cyclisme.

Pas de grand nom parmi les skieurs arrêtés

La police autrichienne le soupçonne d’avoir appliqué ses méthodes dans le monde du ski de fond avec un complice, également arrêté ce mercredi. A Seefeld, où se tenait jeudi le 15 kilomètres masculin des championnats du monde, cinq skieurs ont été arrêtés : deux Autrichiens, deux Estoniens et un Kazakh.

Des nationalités qui correspondent aux quatre skieurs n’ayant pas participé à la course : le Kazakh Alexeï Poltaranin, l’Autrichien Max Hauke et les Estoniens Andreas Veerpalu et Karel Tammjärv. Le cinquième sportif arrêté est Dominik Baldauf, selon les médias autrichiens. Comme son compatriote, il était employé de la police autrichienne et a donc été interpellé par ses collègues.

L’un des athlètes était en train de se faire une transfusion sanguine – un procédé dopant et interdit – au moment de son arrestation, a précisé la police autrichienne.

Aucun d’entre eux n’est un skieur de premier plan, la discipline étant largement dominée par les Russes et Norvégiens. Poltaranin, 31 ans, avait cependant obtenu deux médailles de bronze aux championnats du monde en 2013 et demeurait l’un des meilleurs spécialistes du style classique. Andreas Veerpalu est le fils de l’ancien double champion olympique Andrus Veerpalu, contrôlé positif à l’hormone de croissance en 2011 avant d’être blanchi par le Tribunal arbitral du sport pour vice de procédure.

Des affaires fréquentes

Les affaires de dopage sont fréquentes dans le ski de fond, sport d’endurance où le dopage sanguin peut produire des effets importants sur la performance.

Avant les Jeux olympiques d’hiver 2018, un réseau de journalistes européens avait pu analyser les données sanguines de près de 2 000 skieurs sur la décennie 2000. Selon leurs constatations, un tiers des médailles distribuées aux Jeux olympiques et aux championnats du monde depuis 2001 avaient été remportées par des skieurs présentant des résultats suspects.

L’exploitation des données par Le Monde avait mis en évidence des profils sanguins suspects chez neuf fondeurs français à cette époque.

L’explosion d’une affaire de dopage pendant une grande compétition de ski de fond rappelle le raid de la police italienne lors des Jeux olympiques de Turin en 2006, qui visait déjà des skieurs et biathlètes autrichiens.

La police autrichienne a par ailleurs mené des perquisitions au printemps 2018 dans le milieu du biathlon, pour des faits présumés de corruption entre les autorités sportives russes et la direction de la fédération internationale de biathlon.