Des partisans du président sortant Muhammadu Buhari célèbrent sa réelection, encore non confirmée par la CENI, à Abuja, au Nigeria, le 26 février. / Jerome Delay / AP

Il aura fallu attendre pour que l’annonce soit officielle. La Commission électorale nigériane (CENI) a finalement confirmé, mercredi 27 février, la réélection de Muhammadu Buhari, à la tête du pays le plus peuplé d’Afrique (190 millions d’habitants). Le dirigeant sortant devance de plusieurs millions de voix son rival Atiku Abubakar.

Sa victoire avait été annoncée dès mardi soir, sans toutefois avoir été avérée par la CENI : le chef de l’Etat enregistrant quelque 5 millions de voix d’avance, alors qu’il ne manquait plus que les résultats d’un seul Etat (Rivers) – dont le nombre d’inscrits n’atteint pas ce chiffre.

Quelques centaines de personnes s’étaient rassemblées au quartier général du Congrès des Progressistes (APC) à Abuja, pour sabrer le champagne au son de l’afropop. Sur Twitter, le porte-parole de la formation, Bashir Ahmad, avait d’ailleurs déjà annoncé « Buhari a gagné », sans attendre la proclamation officielle.

Un faible taux de participation

Les écarts entre les candidats, tous deux haoussas du nord et musulmans, sont certes moins prononcés que lors du scrutin de 2015 – entre M. Buhari et Goodluck Jonathan –, chrétien du Delta, mais le président sortant a réussi à maintenir une large avance sur son adversaire.

Atiku Abubakar, riche homme d’affaires et ancien vice-président du Nigeria entre 1999 et 2007, a la réputation d’être l’un des hommes politiques les plus corrompus du pays.

M. Buhari, ancien général qui avait déjà dirigé le pays en 1983 pendant les dictatures militaires est, lui, un homme austère qui s’est engagé à mener une lutte féroce contre la corruption, le « cancer » qui ronge le premier producteur de pétrole d’Afrique.

L’opposition a dénoncé des fraudes massives du parti au pouvoir pour maintenir M. Buhari à la tête du pays ; elle avait demandé l’interruption des résultats mardi soir. Toutefois, cette demande ne peut se faire que par voie de justice.

Ces accusations accentuent les tensions liées à ce scrutin, d’abord reporté d’une semaine puis marqué par des problèmes logistiques et des éruptions de violence.

La mobilisation des électeurs a été faible, avec un taux de participation d’environ 40 %.