Une fusée SpaceX Falcon 9 avec le vaisseau spatial Crew Dragon, après avoir été levée en position verticale sur la rampe de lancement, le jeudi 28 février 2019 au Centre spatial Kennedy, en Floride. / Joel Kowsky / AP

Huit ans après la fin des vols habités américains, la Nasa et SpaceX s’apprêtent à tester samedi 2 mars une nouvelle capsule pour astronautes, pour un aller-retour de six jours dans l’espace - mais seule Ripley, un mannequin, prendra place à bord.

Le lancement de la capsule flambant neuve Crew Dragon par une fusée SpaceX est prévu dans la nuit de vendredi à samedi, à 2 h 49 samedi (8 h 49 à Paris), depuis le Centre spatial Kennedy à Cap Canaveral en Floride. L’objectif est la Station spatiale internationale dimanche, et un retour sur Terre vendredi 8 mars. Si la mission se déroule sans incident, le prochain voyage aura deux astronautes à bord, en théorie avant la fin de l’année.

Le patron du Centre Kennedy affichait son excitation vendredi matin, à moins de vingt-quatre heures du tir. La fusée est sortie de son hangar et a été mise à la verticale jeudi, sur le pas de tir mythique d’où sont parties toutes les missions Apollo pour la Lune.

« Ce furent huit longues années », dit Bob Cabana, un ancien astronaute qui a assisté au retour ici de la dernière navette spatiale, en juillet 2011. Après la mise au garage des navettes (1981-2011), la « côte spatiale » est entrée dans une sorte de dépression, avec des licenciements chez les sous-traitants.

Aujourd’hui, SpaceX a rénové le pas de tir. Sa concurrente Blue Origin, fondée par le patron d’Amazon, a construit un gigantesque hangar peint en bleu pour assembler sa prochaine grande fusée.

« C’est formidable de voir un véhicule habitable, la capsule Dragon de SpaceX, au sommet d’une Falcon 9, là-bas sur le pas 39A. Mais ce que j’ai vraiment hâte de voir, c’est un équipage à bord cette année », a dit Bob Cabana lors d’une rencontre avec la presse, à quelques kilomètres du fameux pas de tir.

Une fusée SpaceX Falcon 9 sur laquelle est embarqué le vaisseau spatial Crew Dragon de la société est visible alors qu’elle est sortie de l’installation d’intégration horizontale du Launch Complex 39A alors que se préparent la mission Demo-1 au Kennedy Space Center de Cape Canaveral, en Floride, aux États-Unis. 28 février 2019. / NASA / REUTERS

« Une question de fierté nationale »

Depuis 2011, le transporteur exclusif vers l’ISS est l’agence spatiale russe, et les astronautes américains doivent décoller du cosmodrome de Baïkonour, au Kazakhstan. « Revenir ici, c’est une question de fierté nationale », a expliqué vendredi Mark Geyer, patron du centre spatial Johnson à Houston, où sont basés les astronautes américains.

Boeing a aussi reçu un contrat de la Nasa en 2014 pour développer un véhicule, le Starliner. Il ne sera pas testé avant avril, dans une mission similaire à celle de SpaceX. La Nasa n’a pas voulu parier sur un seul véhicule, pour se couvrir en cas d’accident.

Le planning a pris environ trois ans de retard. Le premier vol habité de SpaceX est toujours officiellement prévu en juillet, mais les responsables de la Nasa et de SpaceX évoquent souvent la fin de l’année comme date butoir. La mission qui commencera samedi vise justement à tester en conditions réelles la fiabilité et la sûreté de la capsule.

Le mannequin, baptisé Ripley par SpaceX en l’honneur du personnage des films Alien incarné par Sigourney Weaver, est équipé de capteurs pour mesurer les forces auxquelles seront soumis les astronautes au décollage et lorsqu’ils replongeront dans l’atmosphère et amerriront dans l’Atlantique, ralentis par quatre grands parachutes.