Le président du Brésil, Jair Bolsonaro, et le président autoproclamé du Venezuela, Juan Guaido, lors d’une déclaration conjointe à Brasilia, au Brésil, le 28 février. / Lucio Tavora / AP

Malgré les persécutions, les menaces d’emprisonnement et le danger de mort, Juan Guaido, président autoproclamé du Venezuela, devrait rentrer dans son pays d’ici quelques jours. En visite à Brasilia, jeudi 28 février, où après s’être entretenu avec les ambassadeurs des pays de l’Union européenne, il fut reçu par le chef d’Etat brésilien Jair Bolsonaro et des représentants du Congrès, l’opposant de Nicolas Maduro a affirmé qu’il retournerait au Venezuela lundi 4 mars, après un passage par le Paraguay.

« Bien sûr c’est un risque, y compris pour ma vie. Mais c’est ainsi que fonctionne la politique au Venezuela en ce moment », a-t-il confié lors d’une conférence de presse en montrant ses cicatrices au poignet, stigmates de son bref emprisonnement fin janvier. « Nous résistons », a-t-il ajouté.

Cinq jours après avoir échoué à faire entrer au Venezuela une aide humanitaire envoyée par Washington dans l’espoir de fragiliser, voire de faire tomber Nicolas Maduro, Juan Guaido était reçu avec les honneurs par Jair Bolsonaro. Le président brésilien, heureux de pouvoir s’afficher avec l’homme qui, espère-t-il, en finira avec le régime chaviste, a assuré au jeune président de l’Assemblée nationale vénézuélienne, que « le Brésil n’économisera pas ses efforts, dans le cadre de la légalité et de nos traditions, pour assurer le retour de la démocratie au Venezuela ». « Ceci ne sera possible qu’au travers d’élections propres et fiables », a ajouté le leader de l’extrême droite brésilienne.

Négociations internationales

Le chef de l’opposition vénézuélienne, accusé d’être un pantin, voire la « prostituée de Donald Trump » par la gauche radicale nostalgique de la révolution bolivarienne, semble avoir désormais abandonné l’idée d’une intervention militaire. Une option un temps évoquée par les Etats-Unis, mais vertement écartée au Brésil, et rejetée par le groupe de Lima, qui s’est réuni lundi 25 février pour appeler à une résolution pacifique de la crise.

« Nous cherchons des appuis pour mener à bien la transition, qui offrira les conditions d’un retour à la démocratie et à des élections libres. Nous aurons besoin de nourriture, de médicaments, de matériels, de transport, les services basiques sont en pleine décadence », a confié M. Guaido.

Selon lui, 300 000 Vénézueliens seraient en danger de mort et 3 millions d’autres en risque sanitaire dans un pays où le taux d’inflation se compte en millions de pourcents et où la chute du produit intérieur brut dépasserait 50 % en cinq ans. « Il ne s’agit pas d’un dilemme entre guerre et paix, ni entre une idéologie ou une autre, mais d’un choix entre la démocratie et la dictature, entre la misère, la faim et le retour à la prospérité », a assuré le leader politique vénézuélien.

Vantant désormais une issue diplomatique, Juan Guaido n’écarte pas l’idée de s’asseoir autour de la table des négociations avec des représentants de la Chine ou de la Russie, soutiens de Maduro. « Ils seront les bienvenus dans notre lutte s’ils se positionnent du côté de ceux qui veulent des élections libres pour surmonter la crise », a-t-il assuré.

Après cette visite au Brésil qualifiée d’« historique », marquant « le début d’une nouvelle relation positive entre le Venezuela, le Brésil et la région », Juan Guaido devrait s’envoler vendredi pour Asuncion avant de rejoindre son pays, via Bogota. Les Etats-Unis ont prévenu le Venezuela de sévères représailles si des actions directes étaient menées contre le rival de Nicolas Maduro.

La crise au Venezuela expliquée en 5 minutes
Durée : 04:35