L’une des œuvres de Zao Wou-Ki exposée à la galerie Kamel Mennour (Paris 6e). / ADAGP ZAO WOU-KI / COURTESY THE ARTIST AND KAMEL MENNOUR, PARIS/LONDON

En 2002, un galeriste débutant se rend chez Zao Wou-ki pour lui proposer d’exposer ses encres en compagnie d’œuvres d’Henri Michaux, et l’artiste accepte la demande. Aujourd’hui, Kamel Mennour est l’un des galeristes français les plus en vue, et Zao Wou-ki, qui est mort en 2013, l’un des artistes de sa génération dont les œuvres sont les plus recherchées des collectionneurs. L’exposition est, comme la première, consacrée aux œuvres sur papier, encres et aquarelles, de 1947 à 2009. Les plus anciennes sont des études d’après les lavis de Rembrandt. Les dernières célèbrent l’intensité de la couleur, mondes flottants parcourus de lignes dénouées qui font songer aux derniers Monet, les plus aquatiques.

Entre ces bornes temporelles s’étendent les décennies de l’encre, du noir le plus dense au plus dilué, presque invisible. Dans les compositions de grand format, l’artiste travaille à rebours de la virtuosité ­gestuelle. Il divise alors la composition en bandes disjointes, séparées par le blanc. Dans d’autres, il semble s’imposer ­d’employer le moins d’eau possible. Dans ce cas, l’œuvre ­semble une piste sinueuse et parfois interrompue dans la neige ou une carte en partie effacée. Reviennent alors en mémoire les encres de Michaux, qui avait été le premier, dès 1949, à s’intéresser aux travaux de ce jeune artiste inconnu ­arrivé de Chine l’année précédente.

Zao Wou-Ki, « Encres et aquarelles (1948-2009) ». Galerie Kamel Mennour, 47, rue Saint-André-des-Arts, Paris 6e. Du mardi au samedi de 11 heures à 19 heures. Jusqu’au 13 avril.