Après des débuts plus que timides, le « French Tech Visa », lancé par Emmanuel Macron le 15 juin 2017 pour faciliter le recrutement de salariés étrangers par des entreprises tech françaises, évolue. A partir de ce vendredi 1er mars, le dispositif s’élargit et s’étend à toutes les entreprises reconnues comme innovantes et revoit sa procédure afin de réduire les délais d’obtention. Objectif du gouvernement : accroître l’attractivité des jeunes entreprises françaises sur le territoire afin de faire émerger des champions tricolores sur la scène internationale.

  • Qu’est-ce que le « French Tech Visa » ?

Mis en place par le gouvernement il y a près de deux ans sur un secteur économique restreint, le « French Tech Visa » est une procédure qui simplifie et accélère les formalités administratives en vue de l’obtention d’un titre de séjour pour les travailleurs étrangers recrutés par des entreprises françaises innovantes, ainsi que pour leurs familles.

A compter d’aujourd’hui, pour y prétendre, l’entreprise désirant embaucher un salarié étranger doit au préalable être reconnue comme innovante par le ministère de l’économie et des finances en répondant à au moins l’un des trois critères suivants :

  • avoir été bénéficiaire au cours des cinq dernières années d’un soutien public à l’innovation ;
  • avoir une partie de son capital détenue par une entité ayant pour objet principal le financement ou l’investissement dans des entreprises innovantes ;
  • avoir été accompagnée au cours des cinq dernières années par une structure d’accompagnement consacrée aux entreprises innovantes.

Les start-up jugées innovantes pourront alors faire une demande en ligne pour un « French Tech Visa » à condition que le contrat de travail du futur salarié soit en lien avec le projet de recherche et développement de l’entreprise ou avec son développement économique, social, international ou environnemental. Le montant de la rémunération doit également être supérieur à deux smics annuels brut, soit 36 509, 28 euros. Une fois octroyé, le visa est valable pour une durée de quatre ans, renouvelable.

  • Comment peut-il aider les entreprises françaises ?

Le recrutement de profils hautement qualifiés, moteur d’innovation et de créativité pour les entreprises, est souvent crucial pour le développement des start-up de la tech, souvent confrontées à une pénurie de talents. Dans cette course, la France doit, par ailleurs, rivaliser avec une flopée de pays du monde entier. La mise en place du « French Tech Visa », qui permet de faire venir des salariés étrangers en un temps considérablement réduit par rapport à la procédure standard présente donc un atout non négligeable pour les jeunes pousses en renforçant à la fois leur compétitivité et leur attractivité en dehors de l’Europe.

L’intégration de profils internationaux très recherchés dans l’écosystème français des start-up est l’opportunité pour ces dernières de davantage s’affirmer sur la scène internationale et de dynamiser leur croissance en allant chercher plus facilement les compétences qui leur manquent hors des frontières de l’Hexagone.

  • Pourquoi est-il critiqué ?

Si, sur le principe, le dispositif de départ était séduisant, il n’a, cependant, pas rencontré le succès escompté. Fin 2018, seuls 150 recrutements avaient ainsi été réalisés par ce biais. Un manque d’attractivité en partie lié à ses conditions d’accès : jusqu’à aujourd’hui, seules une poignée d’entreprises du numérique, sélectionnées dans le cadre du « Pass French Tech » (un programme d’accompagnement national destiné à soutenir des entreprises tricolores en hypercroissance) pouvaient y avoir recours pour embaucher un salarié étranger. Ce n’est désormais plus le cas, le dispositif ayant été élargi à toutes les entreprises qui seront reconnues comme innovantes.

Autre point d’achoppement : la durée des formalités à réaliser, jugée encore bien souvent trop longue (jusqu’à plus de six mois) et qui a découragé plus d’une entreprise à se lancer dans le processus. Cette nouvelle version devrait la raccourcir à « quelques semaines », avait assuré le secrétaire d’Etat au numérique, Mounir Mahjoubi, en présentant le dispositif, le 10 octobre.