Une campagne de vaccination à Manille, capitale des Philippines. / Bullit Marquez / AP

Le gouvernement philippin a annoncé, vendredi 1er mars, que six responsables de Sanofi Pasteur allaient être inculpés dans l’enquête sur la mort d’une dizaine d’enfants qui avaient reçu le vaccin Dengvaxia contre la dengue du groupe pharmaceutique français.

Les procureurs philippins accusent le groupe « de ne pas avoir observé activement et surveillé de près les sujets vaccinés », selon un communiqué du ministère de la justice.

Scandale aux Philippines

A l’origine de cette polémique, il y a la mort de quatorze personnes aux Philippines. L’Etat philippin, qui soupçonne que ces décès soient liés à la prise du vaccin, a engagé des poursuites contre Sanofi, le 5 février 2018, et a également demandé au groupe français de rembourser l’intégralité du coût, de quelque 60 millions d’euros, du programme de vaccination contre la dengue lancé en 2015 auprès de huit cent soixante-dix mille enfants.

Dans un communiqué, Sanofi a fermement rejeté les accusations des autorités philippines, rappelant que l’hôpital général du pays avait assuré qu’il n’y avait « aucune preuve liant directement la prise du Dengvaxia à la mort de quatorze personnes. En dix ans d’essais cliniques, et près d’un million de doses injectées, aucune mort liée au vaccin n’a été observée. Au contraire, l’administration du vaccin a réduit les risques liés à la prévalence de la dengue dans le pays ». Chaque année, entre cinq cents et mille Philippins meurent des suites de la dengue.

L’OMS recommande de tester les patients avant l’injection

Sanofi a seulement reconnu que le vaccin pouvait augmenter le risque de développer une forme grave de la dengue dans certains cas sur des personnes vaccinées qui n’avaient pas été exposées auparavant à la maladie. Mais le groupe a toujours assuré que le Dengvaxia était sûr et s’est montré confiant « dans son potentiel prouvé pour réduire le nombre de cas de dengue dans les pays où la maladie est endémique ».

En avril dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a recommandé de tester les patients individuellement avant de leur injecter Dengvaxia, afin de s’assurer qu’ils n’ont pas été exposés plus tôt à ce virus. Dengvaxia a été évalué dans le cadre d’études cliniques ayant inclus plus de quarante mille personnes dans quinze pays, complétées par des études d’efficacité et de tolérance « de grande envergure » offrant jusqu’à six années de suivi à ce jour, selon Sanofi.