Des étudiants manifestent contre le gouvernement du président Daniel Ortega, à Managua, le 1er mars. / INTI OCON / AFP

Les délégations du gouvernement et de l’opposition ont suspendu dans la soirée du vendredi 1er mars jusqu’à lundi matin leurs « négociations » au Nicaragua.

En trois jours de réunions, les pourparlers n’ont toujours « pas abordé les sujets de fond », a déploré l’Alliance civique pour la justice et la démocratie (ACDJ), plateforme de l’opposition réunissant patronat, société civile, paysans et étudiants.

Sur les douze points de la « feuille de route » exigée par l’ACDJ, trois restent en suspens, notamment celui sur la présence de garants internationaux. Celui-ci « continue d’être une exigence », selon le chef de la délégation de l’opposition, Carlos Tünnerman.

L’Alliance civique réclame la présence de représentants de l’Organisation des Etats américains (OEA), des Nations unies (ONU), ou de l’Union européenne (UE).

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Les ponts ne sont cependant pas rompus, puisque « les parties sont convenues de continuer les réunions du lundi au vendredi avec pour objectif que la négociation aboutisse le plus vite possible », a indiqué vendredi soir la délégation de l’opposition dans un communiqué.

Au moins 325 morts

A Bruxelles, l’UE a salué la reprise du dialogue afin de chercher « une solution négociée » et a demandé la libération de tous les prisonniers « arrêtés de manière illégale », ainsi que des « procès équitables » pour ceux qui sont mis en accusation. Elle a également demandé des réformes de la loi électorale et la reprise de la coopération avec les mécanismes de défense des droits de l’homme de l’OEA et de l’ONU

Les discussions entre le gouvernement et l’opposition ont débuté mercredi pour tenter de trouver une issue aux tensions qui secouent le Nicaragua depuis plus de dix mois et qui a fait au moins 325 morts.

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Les délégations réunissent six représentants du gouvernement et autant de l’opposition, avec pour « témoins » deux figures de l’Eglise catholique, le nonce apostolique à Managua, Mgr Stanislaw Waldemar Sommertag, et le cardinal archevêque de Managua, Mgr Leopoldo Brenes.

Economie mise à mal

La crise politique dans le pays a commencé le 18 avril 2018 par des manifestations contre le gouvernement de l’ancien guérillero sandiniste Daniel Ortega, 73 ans. Ce dernier dénonce une tentative de putsch de l’opposition avec le soutien de l’Eglise et des Etats-Unis.

Les opposants, qui l’accusent d’avoir instauré une dictature, réclament son départ et celui de la vice-présidente, Rosario Murillo, son épouse. Ils demandent aussi des réformes politiques et la convocation de nouvelles élections avant le terme prévu de 2021.

En annonçant la semaine dernière la reprise du dialogue, le président Ortega a insisté sur la nécessité de redresser l’économie, gravement mise à mal par la crise. En 2018, le PIB a reculé de 4 % tandis que plus de 300 000 emplois ont été perdus au Nicaragua. Les chefs d’entreprise prévoient pour cette année une chute allant jusqu’à 11 % du PIB, provoquant une contraction encore plus sévère de l’emploi.

Le Nicaragua à bout de souffle après des mois de répression