Bernard Tapie, le 9 octobre à Paris. / PHILIPPE WOJAZER / REUTERS

Jean-Marie Le Pen a confirmé dimanche 3 mars sur RTL avoir rencontré Bernard Tapie en secret en 1993, corroborant les propos tenus au Monde par Marc Fratani, ancie collaborateur de l’homme d’affaires.

« Cela m’avait stupéfié. J’ai accepté de le recevoir bien sûr », a déclaré M. Le Pen, à l’époque honni publiquement par M. Tapie. Marc Fratani, désormais en froid avec son ancien patron Bernard Tapie, raconte au Monde avoir accompagné l’homme d’affaires à Saint-Cloud entre les deux tours des législatives de mars 1993, chez Jean-Marie Le Pen qui présidait alors le Front national, afin d’obtenir que le candidat de ce parti dans la circonscription des Bouches-du-Rhône où M. Tapie se présentait se maintienne au second tour, créant une triangulaire.

Tapie veut porter plainte

« Vous vous êtes dérangé pour rien », dit lui avoir répondu l’ancien dirigeant d’extrême droite, en expliquant que les candidats FN avaient pour consigne de se maintenir chaque fois qu’ils le pouvaient. « Depuis, il a nié cyniquement » la rencontre, conclut en souriant M. Le Pen, 90 ans, pour qui Bernard Tapie « est un menteur, mais il n’est pas que cela. »

De son côté, l’ancien homme d’affaires a multiplié les interventions médiatiques, dimanche. Concernant les accusation d’achat d’un arbitre avant un match PSG-OM, Bernard Tapie a affirmé au micro de RTL qu’« on est chez les fous ». Auprès du Parisien, l’intéressé a précisé que « tout ça, c’est du pipeau ! », et qu’il allait porter plainte contre Le Monde :

« Ce que je sais, c’est qu’il (ndlr : Marc Fratani) est très déçu que je n’ai pas mis la Provence à son service et celui de ses copains, voilà l’histoire. Je n’ai pas plus de commentaires à faire. Ça ne vaut rien et ça restera rien. »

Concernant le volet politique des révélations de Marc Fratani en revanche, Bernard Tapie n’a pas nié avoir rencontré Jean-Marie Le Pen entre les deux tours des élections législatives de 1993 :

« Le Pen, je ne l’ai pas rencontré une fois et à ce moment-là, lance Tapie, je l’ai rencontré au moins vingt fois. On était députés européens et on s’est même parfois fait les voyages Paris - Bruxelles côte à côte. Et ça ne nous empêchait pas de nous tirer la bourre quand on était dans l’hémicycle. »

Jean-Marie Le Pen avait déjà fait état de cette rencontre en 2010, notamment dans un documentaire de France 3. Il l’avait fait après l’avoir longtemps niée, « car il a toujours considéré qu’il devait protéger la discrétion des visites qu’il reçoit ».

Dans le même article du Monde, Marc Fratani, qui a été successivement chauffeur, attaché parlementaire puis assistant personnel de Bernard Tapie, dit également avoir participé pour son compte à un « achat d’arbitre » avant un match de football PSG-OM.