Un croquis judiciaire, réalisé le 10 janvier 2019, montrant Mehdi Nemmouche lors de son procès à Bruxelles, en Belgique. / BENOIT PEYRUCQ / AFP

Pour clore deux mois de procès, Mehdi Nemmouche a réaffirmé son innocence, assurant avoir été « piégé », mardi 5 mars, au moment de la dernière parole accordée aux accusés avant la suspension des débats. « Mesdames et messieurs les jurés, j’ai été piégé, Me Courtoy vous a expliqué les raisons pour lesquelles je me suis tu depuis le début », a déclaré le djihadiste français, accusé du quadruple assassinat commis le 24 mai 2014 au Musée juif de Bruxelles. La semaine dernière, le parquet fédéral a réclamé « un verdict de culpabilité » contre le djihadiste français.

« Ce n’est pas une attitude irrespectueuse de ma part, je n’ai vraiment pas cherché à être licencieux », a jouté le jeune homme de 33 ans. Et d’enchaîner, énigmatique : « Si c’était à changer, je changerais tout. » « Voilà, je vous remercie d’avoir été attentifs durant ces deux mois », a-t-il conclu.

Après avoir fait valoir son droit au silence pendant les quatre années de l’enquête, l’accusé avait promis de s’expliquer devant la cour d’assises. « Il ne restera pas muet, il fournira des explications », avait assuré un de ses avocats, Henri Laquay, le 20 décembre en marge d’une audience préliminaire.

Huit semaines de mutisme

En définitive, Mehdi Nemmouche, délinquant multirécidiviste radicalisé en prison et passé par la Syrie, n’aura cessé pendant les huit semaines d’audience de repousser les questions de la présidente, promettant de répondre « plus tard ». Les avocats des parties civiles disaient ne plus rien attendre de lui.

En affirmant avoir été « piégé », Mehdi Nemmouche se calque sur la thèse longuement développée par son avocat Sébastien Courtoy, jeudi dernier, lors de sa plaidoirie. A en croire ce dernier, son client n’est pas le tueur du Musée juif. Il aurait été « piégé » par de supposés agents de renseignement étrangers – iraniens ou libanais –, désireux de l’impliquer dans « une exécution ciblée d’agents du Mossad », les services secrets israéliens.

L’argument vise les époux israéliens Miriam et Emmanuel Riva, les deux premières des quatre personnes abattues de sang-froid en moins d’une minute et demie le 24 mai 2014. La thèse, qualifiée de « délirante » par les parties civiles, n’a été étayée par aucun élément concret.

Aux côtés de Nemmouche, qui encourt la réclusion à perpétuité, comparaît Nacer Bendrer, un délinquant marseillais de 30 ans accusé de lui avoir fourni les armes. Il nie les faits et ses avocats ont plaidé son acquittement.

« Je n’ai rien à voir dans cette histoire » qui est « un cauchemar pour moi », a affirmé mardi matin Nacer Bendrer, disant aussi avoir « peur » que le jury n’adhère pas à la thèse de son innocence. « J’ai une vie qui m’attend, une femme qui m’attend », a-t-il lancé.