Joachim Löw et Mats Hummel, en septembre 2018. / ANDREAS GEBERT / REUTERS

Ce n’est pas encore officiellement le printemps, mais l’heure est déjà au grand nettoyage dans le football allemand. Le sélectionneur de l’équipe nationale, Joachim Löw, a décidé de « dépoussiérer » les rangs de la Mannschaft en écartant plusieurs stars, ex-champions du monde, trentenaires ou quasi trentenaires. Et il s’est déplacé en personne pour le leur signifier.

Mardi, le technicien s’est rendu à Munich pour informer Mats Hummels, Jérôme Boateng et Thomas Müller qu’il ne compte désormais plus sur eux en équipe nationale. « 2019 est pour l’équipe d’Allemagne l’année d’un nouveau départ, a déclaré Löw. Il était important pour moi de faire part personnellement de mes réflexions et de mes projets aux joueurs et aux responsables du FC Bayern », où évoluent les trois intéressés.

« Je remercie Mats, Jérôme et Thomas pour toutes ces années extraordinaires de succès que nous avons passées ensemble », a déclaré Löw. Hummels, 29 ans, Boateng et Müller, 30 ans tous les deux, constituent en l’occurrence des « monuments » de l’équipe nationale : ils pèsent, à eux seuls, plus de 240 sélections (100 pour Hummels notamment) et tous trois ont été titrés avec la Mannschaft au Mondial brésilien en 2014.

Mais tous trois étaient également présents en Russie en 2018, lorsque l’Allemagne a été éliminée au premier tour, le pire résultat de toute son histoire en Coupe du monde. Et c’est ce revers qui conduit, aujourd’hui Löw, à déclarer qu’« il est temps de mettre le cap sur l’avenir » et de « donner un nouveau visage à l’équipe ».

Rupture à l’automne 2018

Ce discours, le sélectionneur a toutefois eu bien du mal à l’endosser. Après l’échec du Mondial en Russie, il avait, dans un premier temps, maintenu sa confiance à son noyau de joueurs « historiques » - les Hummels, Boateng, Müller et autres Manuel Neuer et Tony Kroos.

Ce choix, qu’il avait justifié en estimant que l’élimination du Mondial était un accident de parcours, due à ses propres erreurs tactiques, lui avait valu un flot de vives critiques. D’autant que l’Allemagne a accumulé six défaites en un an (record historique), quatre victoires seulement et trois nuls.

Après avoir promis un « changement profond », Löw, en poste depuis 2006, avait tout juste modifié, en septembre 2018, l’ossature de l’équipe en y incluant quelques jeunes joueurs priés « d’acquérir de l’expérience au contact des anciens ».

« Nous sommes dans une phase de changement, mais en sélection nationale, on ne peut pas faire sortir une nouvelle équipe du sol du jour au lendemain. Les nouveaux joueurs ont besoin de matches pour trouver des repères, et nous avons besoin de joueurs qui ont cette maturité et cette expérience », avait argué le sélectionneur.

La rupture est survenue mi-octobre 2018 quand l’Allemagne, avec cinq champions du monde 2014, a été successivement battue 3-0 par une équipe Néerlandaise, composée de jeunes joueurs, puis par l’équipe de France (2-1).

Après ces nouveaux revers, Löw s’est décidé à lancer dans le grand bain des jeunes joueurs comme Leroy Sané et Timo Werner (22 ans tous les deux), ou Serge Gnabry (23 ans). C’était à l’occasion d’un match amical, mi-novembre 2018, contre la Russie (gagné 3-0).

« Les jeunes internationaux vont avoir l’espace nécessaire pour s’épanouir complètement. Ils doivent maintenant prendre la responsabilité », explique désormais le sélectionneur. Les rares champions du monde 2014 qui figurent encore dans les rangs de la Mannschaft, comme le gardien du Bayern Munich Manuel Neuer et le milieu de terrain du Real Madrid Tony Kroos, sont prévenus. Ils ne sont plus intouchables.

A la nouvelle garde désormais de faire ses preuves. Elle doit notamment décrocher une qualification pour l’Euro-2020. Avec un premier rendez-vous fixé le 24 mars face aux « Oranje » néerlandais, ceux-là mêmes qui ont provoqué la révolution de palais en cours.