Un homme brandit le drapeau sud-soudanais dans le camp de déplacés de Mangateen, à Juba, le 17 novembre 2018. / AKUOT CHOL / AFP

Huit ans d’existence et cinq ans de guerre. Le Soudan du Sud, plus jeune Etat de la planète, créé en 2011 à l’issue d’une longue guerre d’indépendance pour s’affranchir de la tutelle de Khartoum, a sombré dans le chaos. Les alliés d’hier sont devenus les pires ennemis. L’affrontement entre les chefs de guerre Salva Kiir, devenu président, et Riek Machar, promu au poste de vice-président avant d’être accusé de coup d’Etat et démis de ses fonctions en 2013, a tourné au conflit ethnique entre les Dinka, auxquels appartient le premier, et les Nuer, l’ethnie du second.

Face à l’ampleur des massacres, viols et exactions, les Nations unies, qui déploient une force de 17 000 soldats dans le pays, ont ouvert des camps où les civils persécutés ont pu se réfugier. Ces « sites de protection des civils », au nombre de six, abritent encore plus de 190 000 individus. Près de 400 000 personnes ont perdu la vie et 4,5 millions d’habitants ont été déplacés. Les crimes commis pourraient constituer des crimes de guerre, selon le rapport publié le 20 février par la Commission des Nations unies sur les droits de l’homme, qui note que les violences sexuelles, au lieu de diminuer, ont continué d’augmenter au cours des derniers mois.

C’est pourtant avec les mêmes hommes que le pays doit une nouvelle fois tenter de retrouver le chemin de la paix. Un accord a été signé le 12 septembre 2018 et un agenda a été fixé pour aboutir au mois de mai à la formation d’un gouvernement de transition. L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD, qui regroupe huit pays d’Afrique de l’Est) supervise les négociations. Les agences onusiennes tentent de contenir une crise humanitaire qui affecte plus de la moitié de la population. En cette fin de saison sèche, il règne à Juba, la capitale, un calme auquel personne ne veut se fier. En 2016, il n’avait suffi que de quelques jours pour balayer les espoirs de paix.

Le Monde Afrique s’est aussi rendu à Yambio, près de la frontière avec la République démocratique du Congo (RDC). Cette région agricole appartient à la « ceinture verte » qui avant la guerre nourrissait le pays. Aujourd’hui, la jeunesse au chômage attend que la paix se traduise par une amélioration de son quotidien.

Sommaire de la série « Soudan du Sud : sortir du chaos »

Dans le plus jeune Etat du monde, ravagé par cinq ans d’une guerre civile qui a fait près de 400 000 morts et 4,5 millions de déplacés, l’accord de paix signé le 12 septembre 2018 n’a pas mis fin à la crise. En trois épisodes, Le Monde Afrique prend le pouls de ce pays fragile.