Des gardiens bloquent l’entrée de la prison de Condé-sur-Sarthe, près d’Alençon, le 6 mars 2019. / JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP

Après l’attaque à la maison centrale de Condé-sur-Sarthe, près d’Alençon (Orne), mardi 5 mars, des syndicats de surveillants de prison ont appelé au blocage des établissements pénitentiaires dès mercredi matin, en soutien aux deux agents poignardés mardi par un détenu radicalisé.

Dès mardi en début d’après-midi, des surveillants avaient retardé leur prise de service, en soutien aux deux agents poignardés dans l’Orne, affirment FO et la CGT. Ces retards, de « quinze minutes » en moyenne, ont concerné « une vingtaine d’établissements », sans incidence sur le fonctionnement des prisons, a-t-on appris auprès de la direction de l’administration pénitentiaire.

Plus d’une quinzaine d’établissements bloqués

Dès l’aube, la prison d’Alençon - Condé-sur-Sarthe a été bloquée par des surveillants. Selon l’administration pénitentiaire, 18 établissements étaient bloqués :

  • En région parisienne, les prisons de Fleury-Mérogis et de Fresnes sont bloquées.
  • Dans le Sud, la prison du Pontet, dans le Vaucluse, les prisons de Grasse et de Nice, dans les Alpes-Maritimes, sont bloquées. A Valence, Force Ouvrière et UFAP-UNSA appellent à un débrayage. En Corse, les surveillants débrayent dans les prisons de Borgo, Casabianda et Ajaccio.
  • Dans le Sud-Ouest, les personnels de la prison de Seysses, au sud de Toulouse, veulent se mobiliser et cesser le travail. Ils prévoient de bloquer la prison jeudi. A Mont-de-Marsan, une trentaine de surveillants sont rassemblés devant le centre pénitentiaire de Pémégnan depuis 6 h 30.

  • Dans l’Ouest, des surveillants bloquent les accès aux prisons de Rochefort, Angoulême et Saintes. Sur l’île de Ré, ils distribuent des tracts aux automobilistes à l’entrée du pont.

  • Dans les Hauts-de-France, les surveillants sont mobilisés dans les prisons de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, à Annœulin près de Lille, à Douai dans le Nord, à Bapaume dans le Pas-de-Calais, et à Château-Thierry dans l’Aisne, où un surveillant a été agressé mardi.

« On appelle à bloquer tous les établissements et on repart sur nos plates-formes revendicatives », à la fois sur la sécurité des personnels et sur une évolution statutaire, a fait savoir Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO-Pénitentiaire, premier syndicat chez les surveillants de prison.

La CGT-Pénitentiaire appelle également « à des actions partout sur le territoire, qui iront jusqu’au blocage sur pas mal d’établissements », a déclaré son secrétaire général Christopher Dorangeville. Pour la CGT, l’attaque de Condé-sur-Sarthe, qualifiée de « terroriste » par la garde des sceaux Nicole Belloubet, « rappelle très fortement les événements de janvier 2018 ».

Le 11 janvier 2018, un détenu djihadiste avait agressé un surveillant de Vendin-le-Vieil, prison ultra-sécurisée du Pas-de-Calais, lançant trois semaines d’un mouvement de protestation dans les prisons françaises.

Ce conflit social, le plus important depuis un quart de siècle, avait pris fin après la signature par l’UFAP-UNSA, alors principal syndicat de surveillants de prison, d’un accord avec le ministère de la justice. Le rapport de forces a depuis changé : FO est devenu le premier syndicat, avec 35 %, suivi de l’UFAP-UNSA (33 %) et de la CGT (13,5 %).

L’UFAP-UNSA n’appelle pas « pour le moment » à des actions, selon son secrétaire national, Wilfried Fonck. « Nous, on appelle surtout aujourd’hui à l’application [de l’accord] de 2018, qui prévoyait que les personnels soient équipés de gilets pare-lames, ce que les collègues de Condé-sur-Sarthe n’avaient pas », a-t-il dit.

Il y a 188 établissements pénitentiaires en France. / http://www.justice.gouv.fr/art_pix/Poster_administration_penitentiaire_2017.pdf