Les autorités indonésiennes disent ne pas savoir combien de personnes ont été enterrées dans l’effondrement de cette mine d’or isolée. Le nombre pourrait atteindre cent personnes. / HARRY TRI ATMOJO/AP

Avec chaque jour qui passe s’amenuisent les chances d’un dénouement heureux sur le site des mines d’or artisanales de Bolaang Mongondow, d’où ont déjà été remontés seize cadavres. Dans cette région de l’île des Célèbes, dans l’est de l’archipel indonésien, les cavités creusées par les chercheurs d’or se sont effondrées mardi 26 février. Le nombre important de puits de mine dans un sol instable serait à l’origine de l’effondrement de poutres et d’étais qui a condamné les tunnels.

Dans les jours qui ont suivi, les secouristes disaient entendre des appels au secours remontant des cavités condamnées par les éboulements, ouvrant l’espoir d’une issue telle que celle qu’ont connu les mineurs chiliens de Copiapo, en 2010 et une équipe de jeunes footballeurs en Thaïlande dans la grotte de Tham Luang, à l’été 2018. Mais les voix se sont tues ces derniers jours. « Nous n’avons plus entendu de voix de l’intérieur. En ce quatrième jour, les signes de vie ont diminué », expliquait, dès samedi 2 mars, le responsable des opérations de sauvetage, Abdul Muin Paputungan.

Cinquante à cent personnes pourraient être enfermées

Des dizaines de personnes travaillaient dans les tunnels quand est survenue la catastrophe. Les secours estiment qu’entre cinquante et cent personnes pourraient y avoir été enfermées. Ils n’ont pas identifié les propriétaires d’une cinquantaine de motos garées à proximité.

Des secouristes indonésiens retirent le corps d’un mineur à Bolaang Mongondow. Le nombre de morts de la mine illégale qui s’est effondrée le 26 février est passé à seize. / UNGKE PEPOTOH/AFP

Le directeur des opérations de recherche avait expliqué, mardi 5 mars, que trois corps avaient été découverts, ainsi que des membres éparpillés et des chaussures, au cours de la journée. Le lendemain matin, le porte-parole de l’agence de réponse aux catastrophes faisait état de dix-huit mineurs sauvés, vivants mais blessés, et de seize autres personnes remontées ayant perdu la vie.

Un rescapé, Denni Mamonto, a expliqué que sa jambe avait été bloquée sous les pierres, mais que des camarades survivants l’avaient aidé à se dégager. « Mais mes amis n’y sont pas parvenus, ceux qui travaillaient avec moi », a-t-il déclaré à l’agence à Associated Press. Les secouristes ont dû amputer un autre mineur pour tenter de le sauver mais il est ensuite mort de ses blessures. Ils ont, dans un premier temps, dû creuser à la pelle et à la main, car le terrain était trop meuble pour y déplacer des pelleteuses.

Un million de personnes dans des mines d’or illégales

« On estime que le bilan va continuer à augmenter », a déclaré, sur Twitter, Sutopo Purwo Nugroho, devenu une figure familière dans les médias d’Indonésie, archipel en proie aux tsunamis et autres éruptions volcaniques. Ce fonctionnaire du conseil national indonésien pour la gestion des catastrophes et responsable des relations publiques est connu pour son langage compréhensible de tous, y compris dans la critique du gouvernement et de son système d’alerte national. L’homme génère également une forte empathie, notamment parce qu’il se bat contre un cancer du poumon mais continue son travail quand l’archipel de plus de 260 millions d’habitants est frappé par ce genre d’événements.

On estime qu’un million de personnes travaillent dans des mines d’or illégales en Indonésie. Les règles de sécurité les plus élémentaires ne sont pas respectées, les autorités locales fermant souvent les yeux en échange d’une partie du butin. Les mineurs illégaux creusent des galeries à proximité de ceux qui ont trouvé le métal précieux, sans égard pour la stabilité de l’ensemble du terrain, au péril de leur vie.

En décembre 2018, cinq mineurs de la même région ont péri dans un accident similaire. Les éboulements sont fréquents ; un autre danger majeur réside dans l’utilisation du mercure, très polluant et toxique.