Trois nouveaux joueurs de tennis français ont été placés en garde à vue, mardi 5 mars, dans le cadre d’une vaste enquête européenne portant sur des matchs arrangés dans des tournois de niveau secondaire, selon les informations de L’Equipe, confirmées au Monde par une source proche de l’enquête.

Deux d’entre eux étaient toujours entendus mercredi matin par les enquêteurs du Service central des courses et jeux (SCCJ) de la direction centrale de la police judiciaire ; le troisième a été laissé libre mardi soir. Pour l’heure, leur identité n’a pas été révélée. Tous sont soupçonnés d’avoir truqué certaines de leurs rencontres en perdant volontairement un jeu, un set ou le match, contre rémunération d’une organisation criminelle arménienne basée en Belgique.

Ces nouvelles auditions interviennent sept semaines après l’interpellation de quatre joueurs français. L’Equipe avait révélé, dans son édition du 16 janvier, que deux tennismen, Jules O. et Mick L., avaient été interpellés en marge du tournoi de Bressuire (Deux-Sèvres), un tournoi « Futures », la troisième division du tennis mondial.

Deux autres joueurs tricolores avaient été placés en garde à vue : Yannick T. et Jérôme I., âgés respectivement de 31 ans et 28 ans et dont les meilleurs résultats sur le circuit remontent à quelques années.

Les quatre hommes avaient été entendus par des policiers français et belges, et certains avaient reconnu leur implication dans des matchs truqués. L’un d’eux, Mick L., avait notamment reconnu avoir laissé filer « entre 20 et 30 » matchs au cours de sa carrière, contre des sommes allant de 600 à 2 000 euros.

Une trentaine de Français impliqués

Les auditions dans les locaux du SCCJ à Nanterre (Hauts-de-Seine) répondent à une demande d’entraide européenne formulée par la Belgique.

En 2015, les policiers belges ont en effet lancé une enquête qui a donné lieu, en juin 2018, à des perquisitions simultanées dans six pays d’Europe et aux Etats-Unis. Cinq Arméniens, dont le cerveau présumé du réseau, Grigor S., dit « Maestro », sont depuis écroués en Belgique et « inculpés de corruption, blanchiment d’argent, faux en écriture et appartenance à une organisation criminelle ». Une trentaine de joueurs français est soupçonnée d’être impliquée dans ce réseau tentaculaire.

Les premières auditions de mardi confirment la corruption massive et généralisée qui gangrène les circuits Futures et Challengers (deuxième division), ciblés par les parieurs malveillants.

En janvier, sur la base des informations venues de Belgique, la police espagnole avait procédé à 83 arrestations, dont celles de vingt-huit joueurs professionnels.