Ole Gunnar Solskjaer, l’entraîneur mancunien, a l’habitude des soirées européennes mémorables avec Manchester United. / John Sibley / Action Images via Reuters

« C’est une soirée typique de Manchester United. » Quelques minutes après la victoire décrochée mercredi 6 mars par son équipe au Parc des Princes face au PSG, au terme d’un improbable come-back, l’entraîneur Ole Gunnar Solskjaer n’a eu besoin que d’une phrase habile pour résumer son club : les Red Devils ne s’avouent pas facilement battus et raffolent des retournements de situation.

L’ancien super sub (le super-remplaçant) des années Alex Ferguson – parmi les plus brillantes de l’histoire mancunienne – est bien placé pour en parler. Le Norvégien, qui a marqué 91 buts en 235 matchs sous le maillot des Red Devils entre 1996 et 2007, est le héros éternel du deuxième sacre de United en Ligue des champions.

Victoire par K.-O.

Le 26 mai 1999, la finale oppose au Camp Nou, à Barcelone, le club du nord de l’Angleterre au Bayern Munich. Les Bavarois prennent très tôt l’ascendant et ouvrent le score dès la 6minute de jeu, grâce à un coup franc de Mario Basler. Mais les coéquipiers du tempétueux gardien Oliver Kahn manquent de réalisme. Par deux fois, ils touchent les poteaux de Peter Schmeichel.

Ole Gunnar Solskjaer Last Goal vs Bayern Munchen. 1999 UEFA Champion League Final.
Durée : 00:59

Les minutes s’égrènent et on se dirige vers un sacre tranquille des Allemands. C’est sans compter sur Alex Ferguson qui lance dans la bataille deux remplaçants, Teddy Sheringham et donc Solskjaer. Le match bascule en deux minutes pendant les arrêts de jeu. C’est tout d’abord l’attaquant anglais qui égalise à la 90e + 1 avant que l’actuel coach de Manchester United ne marque le but de la victoire par K.-O., d’une subtile déviation opportuniste à la 90e + 3.

Revenu de nulle part, alors que la domination munichoise semblait sans contestation, Manchester United remporte sa deuxième Ligue des champions, trente et un ans après avoir triomphé pour la première fois dans la compétition, qui s’appelait alors la Coupe des clubs champions européens.

La finale de 1968

George Best vs Benfica 1968 (final)
Durée : 06:30

En 1968, les clubs anglais n’ont encore jamais remporté la grande Coupe d’Europe. Seul leur voisin écossais, le Celtic Glasgow, s’est offert le prestigieux trophée l’année précédente. Le 29 mai, Manchester United joue donc une rencontre cruciale de l’histoire du foot anglais, d’autant que la finale contre le Benfica Lisbonne est prévue au stade de Wembley, là même où deux ans plus tôt, la sélection est devenue championne du monde.

Le contexte est encore plus particulier. Nous sommes pratiquement dix ans après la catastrophe aérienne qui décima une grande partie de l’équipe des Busby Babes, le surnom donné aux joueurs qui ont grandi sous le management du mythique coach Matt Busby.

Au retour d’une qualification en demi-finales décrochée à Belgrade, l’avion s’écrase à Munich. Vingt-trois personnes perdent la vie, dont huit de ces jeunes joueurs talentueux. Trois survivants participent à la finale de 1968 : Matt Busby, Bill Foulkes et celui qui deviendra plus tard sir Bobby Charlton.

Ce dernier ouvre le score à la 53e minute, mais les Portugais, déjà doubles champions d’Europe, égalisent à la 79e et, grâce à la présence de leur vedette Eusebio, pensent avoir fait le plus dur avant de jouer les prolongations.

Insubmersible, Manchester United réalise des prolongations exceptionnelles. C’est d’abord le fantasque George Best, futur Ballon d’or cette année-là, qui marque le deuxième but des Anglais (92e). Brian Kidd porte l’estocade (99e) avant que Charlton ne close définitivement l’affaire avec un doublé (99e).

Bégaiement de l’histoire

Mercredi soir, l’histoire a encore bégayé. Alors que le PSG était le grand favori, que les absents étaient légion côté anglais et que personne n’imaginait qu’un tel retournement de situation soit possible, Manchester United a montré une nouvelle fois le caractère si spécifique de ce club. Le penalty victorieux de Marcus Rashford, intervenu à la 90e + 4, comptera à coup sûr parmi les grands moments des Red Devils.

Marcus Rashford après son penalty transformé, mercredi 6 mars, au Parc des Princes. / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP

« C’est le meilleur scénario possible avec les supporteurs, les joueurs, le staff. Tout le monde partage une énorme fierté. On l’a vu hier avec le match entre le Real et l’Ajax, Barcelone contre le PSG, ce sont des scénarios qui se ressemblent et ça montre que le mental dans le football est important, a expliqué Solskjaer. Il n’y avait pas besoin de faire de discours après ce match. C’est une soirée absolument incroyable. »

Avis à leurs futurs adversaires, Manchester United ne renonce jamais.