Marche à Madrid (Espagne), à l’occasion de la « grève féministe » pour la Journée internationale des droits des femmes, vendredi 8 mars 2019. / JUAN MEDINA / REUTERS

La 42e Journée internationale des droits des femmes a donné lieu, vendredi 8 mars, à de nombreuses actions et manifestations dans plusieurs capitales européennes : jour férié à Berlin, grève féministe en Espagne, manifestations en France et en Belgique, tandis qu’à Istanbul la police a fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestantes.

D’autres rassemblements pour l’égalité des sexes et contre les violences sexistes ont également eu lieu à Athènes ou à Kiev. Tour d’horizon.

  • En France, des rassemblements contre les inégalités salariales et les violences conjugales

En France, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées dans différentes villes pour dénoncer notamment les inégalités salariales et les violences sexistes. Plus d’un an après le choc #metoo et quelques semaines après la révélation de l’affaire de la Ligue du LOL, « il y a encore beaucoup de choses à faire » en matière d’égalité des sexes, a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Valérie Lorek, une militante de la Confédération générale du travail (CGT) rencontrée à Lille.

Les participants étaient invités à manifester et à débrayer à partir de 15 h 40, heure théorique à partir de laquelle les femmes travaillent « gratuitement », à en croire les associations féministes, estimant qu’elles sont payées en moyenne 26 % de moins que les hommes.

A Paris, des milliers de personnes se sont rendues place de la République, munies de banderoles proclamant « A salaire égal, travail égal », ou encore « Ni à prendre, ni à violer, quand c’est non, c’est non ». Beaucoup d’hommes, notamment des jeunes, étaient présents, comme Saïd, 31 ans, dont la pancarte affichait : « Moi, je ne suis pas comme ça » (pas sexiste). Militants et militantes féministes ont été rejoints sur la place par les jeunes qui manifestaient pour le climat, notamment avec une banderole « Détruisons le patriarcat, pas le climat ». Une cinquantaine de femmes algériennes protestaient contre le code de la famille de leur pays et la nouvelle candidature du président Bouteflika.

Une militante portant des logos de marques internationales pose lors de la manifestation organisée à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, place de la République à Paris, le 8 mars 2019. / STRINGER / AFP

Les manifestants étaient sept cent cinquante à Rennes, selon la police, et trois cent cinquante à Lille, selon les organisateurs. A Toulouse, quelques centaines de personnes scandaient : « Solidarité avec les femmes du monde entier. » Quelque deux cents personnes ont manifesté à Strasbourg, plusieurs centaines à Marseille et six cents à Grenoble.

  • « Grève féministe » en Espagne

L’Espagne a célébré le 8 mars avec une « grève féministe » et des manifestations rassemblant plus d’un demi-million de personnes à Madrid et à Barcelone, selon les autorités. A Madrid, une marée violette, couleur du féminisme, défilait en promettant que la ville serait « la tombe du machisme ». Clara Lopez, 29 ans, y portait une pancarte disant « je choisis comment je m’habille et avec qui je me déshabille ». « Combien de femmes occupent de hautes fonctions ? Très peu. Et ce n’est pas car elles ne sont pas bien formées, c’est parce que l’égalité n’existe toujours pas », a dénoncé Maria Nuñez, retraitée de 70 ans, dans la métropole catalane.

« Si nous nous arrêtons, le monde s’arrête. » Avec ce slogan pour mot d’ordre, les Espagnoles avaient observé auparavant tout au long de la journée des arrêts de travail d’au moins deux heures. Un an après une première « grève féministe », qui avait mobilisé des millions de personnes à travers le pays, le mouvement a été de nouveau très suivi. Selon la confédération syndicale UGT (Union générale des travailleurs), plus de six millions de « travailleurs et travailleuses » ont fait grève.

Comme l’an dernier, des personnalités se sont aussi mises en grève, comme la maire de Madrid, Manuela Carmena, et de nombreuses journalistes. A Madrid, plusieurs ministres du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez, le plus féminin de l’histoire du pays, étaient en tête de cortège. « Nous voulons une Espagne féministe. Car c’est seulement grâce au féminisme que nous en finirons avec la violence machiste et que nous obtiendrons l’égalité réelle », a insisté sur Twitter Pedro Sanchez.

Au Pays basque, où trente mille personnes ont manifesté à Bilbao, selon la police locale, la session du parlement régional a même dû être suspendue faute de quorum, en l’absence de la plupart des députées.

  • En Grèce, un arrêt de travail de trois heures dans les administrations

En Grèce, un arrêt de travail de trois heures a été observé dans de nombreuses administrations publiques à l’appel des syndicats – une première, selon le « mouvement du 8 mars », une initiative féministe grecque.

« Nous souhaitons que le 8 mars soit une grève dans le privé et dans le public pour les femmes et les hommes, afin de mettre en évidence les discriminations et le sexisme à l’encontre des femmes », a indiqué Argyri Erotokritou, lors d’un rassemblement organisé à Athènes. « Les femmes gagnent 226 euros de moins que les hommes dans le secteur privé, selon des chiffres de la sécurité sociale », a ajouté cette femme médecin qui travaille dans un hôpital d’Athènes.

Cette trentenaire brandissait une pancarte sur laquelle était inscrit « En grève le 8 mars », aux côtés de plusieurs centaines de manifestants, dont des femmes réfugiées, qui répondaient à l’appel de la Confédération des fonctionnaires (Adedy) pour dénoncer les « inégalités salariales » et la « violation des droits humains ».

  • Jour férié à Berlin

A Berlin, où, sur décision du conseil municipal, la Journée internationale des droits des femmes était un jour férié pour la première fois, plusieurs milliers de personnes ont manifesté contre le sexisme et les discriminations. « L’article 3 de notre Constitution prévoit l’égalité entre les femmes et les hommes, mais réaliser ceci dans notre société reste un devoir permanent », a commenté la chancelière Angela Merkel, citée dans un tweet de son porte-parole, Steffen Seibert.

A Hambourg, plusieurs militantes féministes Femen ont démonté des portiques limitant l’accès à une rue où se situent plusieurs maisons closes dans le quartier chaud du port, dont l’accès n’est autorisé qu’aux clients masculins majeurs. « Nous démolissons ce mur pour dénoncer l’exploitation sexuelle de femmes, la traite humaine et la violence sexuelle qui se cachent derrière les portes de l’industrie du sexe », a écrit le groupe sur sa page Facebook Femen Germany.

  • En Turquie, la police fait usage de gaz lacrymogène contre une manifestation de femmes

A Istanbul, des manifestantes scandent des slogans et portent des pancartes où l’on peut lire « Nous sommes en rébellion pour la liberté », alors que les policiers turcs tentent de les repousser. / OZAN KOSE / AFP

A Istanbul, la police turque a tiré des gaz lacrymogènes contre des milliers de femmes rassemblées dans le centre de la ville pour la Journée internationale pour les droits des femmes, en dépit d’une interdiction de manifester. La police a également repoussé la manifestation à l’entrée de l’avenue Istiqlal, la principale artère piétonnière et commerçante d’Istanbul, selon un journaliste de l’AFP.