C’est le dixième représentant d’une lignée particulièrement renommée, celle des smartphones Galaxy S. Le nouveau S10, disponible vendredi 8 mars, a tellement progressé par rapport au tout premier Galaxy S lancé en 2010 qu’une simple photo de son ancêtre suffit à provoquer un flottement. Le chemin parcouru laisse songeur.

Le tout premier Galaxy S sorti en 2010 paraît s’être échappé d’un autre siècle. Particulièrement mauvais en photo, il était doté d’un écran pixélisé, et habillé de plastique. / SAMSUNG

Depuis 2010, la technologie avance à la vitesse d’un cheval au galop, et le nouveau S10 n’a désormais plus beaucoup de défauts, hormis sa fragilité, commune à bien des smartphones contemporains, mais aggravée par le coût de réparation élevé de sa robe en verre incurvé. Ce problème récurrent des Galaxy S n’a pas empêché ses récents prédécesseurs de tenir la concurrence en respect.

Le S10 conserve-t-il le sceptre du meilleur mobile Android ? Est-il toujours utile d’investir 909 euros dans un smartphone, aussi excellent soit-il ?

Un dessin rafraîchi

Toujours aussi bien fini, toujours aussi svelte et élancé, le S10 est un des mobiles actuels les plus agréables à l’œil. Mais les concurrents de Samsung ont beaucoup progressé sur le plan esthétique, et le dessin du S10 paraît aujourd’hui moins futuriste qu’à son introduction, il y a deux ans. Le S10 arbore pourtant des marges d’écran affinées, qui lui donnent plus que jamais une impression visuelle évoquant une piscine à débordement.

Le S10 (à gauche) est plus grand que le S9 (à droite). / NICOLAS SIX / LE MONDE

Comparativement à son prédécesseur, le S9, la surface d’écran du S10 progresse d’une dizaine de pourcents. Mais comme cette croissance se fait uniquement dans le sens de la hauteur, cela sert surtout le dessin du S10, mais nullement son ergonomie. Sa marge d’écran supérieure a tellement maigri qu’elle ne peut plus loger le capteur photo à selfie. Samsung a décidé de l’abriter dans un trou découpé dans son écran.

Le trou dans l’écran du S10 est spectaculaire mais vite oublié. / NICOLAS SIX / LE MONDE

La première fois qu’on saisit le S10 en main, ce cratère saute aux yeux. Mais quelques heures plus tard on l’oublie. Un choix d’ingénierie rationnel car ce trou réduit au strict minimum la surface d’écran perdue.

Plus confortable que ses concurrents

Un peu plus lisible au soleil que son prédécesseur, grâce à son écran encore plus lumineux, le S10 affiche une image parfaitement contrastée et très fidèle. Son déverrouillage est simplifié : son capteur d’empreintes digitales n’est plus logé au dos du mobile mais à l’avant, directement sous l’écran, et il fonctionne correctement, mais plus lentement. Toutefois, pour beaucoup d’utilisateurs, poser le doigt au bas de l’écran est plus simple que tâtonner à l’arrière du mobile.

Globalement, le confort en main du S10 régresse. La croissance de son écran se fait en rognant ses marges, ce qui est une bonne chose, mais aussi en agrandissant ses mensurations. Le S10 est plus haut, ce qui complique l’accès aux notifications, et plus large de deux millimètres. Fort heureusement, le S10 demeure un rien moins large que ses concurrents à surface d’écran identique, une qualité qui, associée à ses bords d’écran en pente douce, le rendent notablement plus confortable qu’eux.

Sur les côté du S10, l’écran est légèrement recourbé, de même que le verre qui le recouvre. Cela améliore le confort en main. / NICOLAS SIX / LE MONDE

Les côtés incurvés du S10 sont un raffinement dont ne profite pas son petit frère, le Galaxy 10e, et cela n’est pas anecdotique : ils permettent d’agripper plus facilement le mobile. Grâce à eux, le pouce est plus mobile, il voyage plus vite sur l’écran. Et quand on veut atteindre les notifications tout en haut de l’écran, définitivement hors de portée du pouce, on déplace le mobile moins difficilement vers le bas de la paume, pour permettre au pouce de se détendre jusque-là. Au passage, on regrette que le S10 grandisse autant : pour dérouler les notifications, il faut aller chercher le sommet de l’écran, situé 8 millimètres plus haut que celui du S9.

L’écran du S10 (à droite) est 8 millimètres plus grand que celui du S9 (à gauche). / NICOLAS SIX / LE MONDE

Un peu plus simple

Heureusement, Samsung a trouvé une solution logicielle qui permet de se passer d’un pouce télescopique. Les applications Samsung sont conçues pour les écrans trop hauts : leurs principaux boutons ont été déplacés au bas de l’écran, ce qui permet de manipuler le mobile d’une main. Une très bonne idée que ses concurrents n’ont pas généralisée.

Au centre, l’application Horloge du S10 a rapatrié ses boutons au bas de l’écran. Ca n’est pas le cas sur le S9 (à gauche) ou le Pixel Phone (à droite). / NICOLAS SIX / LE MONDE

Cette amélioration ergonomique s’inscrit dans un travail de simplification mené par Samsung sur les menus du S10. Les icônes d’applications sont plus claires et plus distinctes, et, désormais, le Galaxy S n’en affiche que quatre par ligne, exactement comme les iPhone. Les notifications sont plus aérées, l’écran de veille a été épuré. Cette somme de petits détails rend le S10 un peu plus reposant à manipuler. Dommage que les trois iconiques boutons de navigation d’Android (retour, accueil, multitâche) n’aient pas été remplacés par des commandes gestuelles, comme sur iPhone ou sur Google Pixel Phone.

Certains utilisateurs experts ne manqueront pas de regretter la simplification du S10, mais ils parviendront sans peine à personnaliser ses menus à leur image. Ils devraient même apprécier les réglages particulièrement riches qui sont la marque de fabrique de Samsung, même si, sur ce plan, le S10 est distancié par son grand frère, le Galaxy Note 9, dont le stylet enrichit considérablement l’usage d’Android.

De meilleures images quand on voyage

Côté photo, le gros atout du S10 est l’apparition d’un troisième objectif qui voit beaucoup plus large, pour compléter les deux objectifs désormais classiques – l’habituel grand-angle et le téléobjectif, qui n’existait pas sur le S9, et qui améliore les portraits. C’est surtout le nouvel « ultra grand angle » qui attire le regard. Il capture des photos de paysage et d’architecture bien plus larges et spectaculaires.

A gauche, l’ultra grand angle capture des images beaucoup plus immersives que le plus classique grand-angle, à droite. Les experts de la photo seront impressionnés par son angle de vue de 12 mm en équivalent 24x36. / NICOLAS SIX / LE MONDE

Cet objectif ultra grand angle profite aussi aux vidéos : les vidéos très étroites du S9 ne sont plus qu’un mauvais souvenir, le S10 filme des plans bien plus large. Un bel atout pour les amateurs de voyages.

De plus, le S10 s’enrichit d’une fonction vidéo expérimentale : il filme en plage dynamique étendue (HDR 10 +). Au coucher du soleil, cela donne aux rayons un peu plus d’impact et rend les images un peu plus naturelles. Mais il faut être passionné de vidéo pour le percevoir.

Côté qualité photo, le S10 progresse comparativement au S9 : ses images sont un peu plus vives et nettes, leurs couleurs parfois plus fidèles. Ses images ne sont pas sensiblement meilleures que les photos des meilleurs smartphones d’Apple, OnePlus, Google, LG ou Huawei. Leur personnalité est toutefois différente : le S10 produit rarement des clichés aussi clairs que l’iPhone, ou aussi contrastés que le Pixel Phone de Google.

Au bas de l’image, les photos des Samsung Galaxy 9 et 10. Juste au dessus, la même image capturée par le Samsung Note 9. A droite et au desus : les images de certains de leurs principaux concurrents. / NICOLAS SIX / LE MONDE

La palme du meilleur smartphone photo est donc une affaire de goût. Samsung privilégie toutefois la prise de risque minimale qui fait du S10 un appareil probablement un peu plus polyvalent que ses concurrents, à l’image du Galaxy Note 9. Même si le S10 ajoute aux images une petite touche de vivacité qui les distingue.

Ses atouts supplémentaires

La plus utile des améliorations restantes se porte sur la batterie, qui offre au moins 10 % d’autonomie supplémentaire. L’amélioration la plus astucieuse concerne le chargement sans fil : le S10 est capable d’agir comme une batterie sans fil, et de recharger, par exemple, une paire d’écouteurs rechargeable sans fil.

En revanche, l’amélioration la plus soporifique est, quant à elle, celle du processeur, le cœur du smartphone, qui est environ 15 % plus rapide, mais qu’on ne ressent pas. Le circuit graphique du S10 fait aussi tourner les jeux 3D environ 30 % plus rapidement, mais à l’heure actuelle, cette amélioration est inutile car les jeux n’en profitent pas – elle commencera peut-être à peser dans trois ans.

Le dos du S10 est recouvert de verre. / NICOLAS SIX / LE MONDE

En conclusion

Pour beaucoup d’utilisateurs, le S10 mérite le titre de meilleur représentant de la famille Android, grâce à son confort en main supérieur et son électronique impossible à prendre en défaut. Mais l’enfant prodigue de Samsung ne creuse pas un écart insondable avec ses principaux concurrents.

Si votre budget n’est pas illimité, si vous choisissez de raison plutôt qu’avec le cœur, il y a de bonnes chances que vous vous peiniez à trouver au S10 une fonction clef qui, à vos yeux, le distingue radicalement de son concurrent le plus recommandable, le Oneplus 6T, vendu 350 euros moins cher, ou qui le place loin devant son prédécesseur, le Samsung S9, aujourd’hui vendu 300 euros de moins.

A 909 euros, le rapport qualité prix du S10 est nettement inférieur à ces deux modèles. Mais si votre budget est confortable et si, pour vous, un achat réussi consiste aussi à savoir se faire plaisir, le S10 constitue un excellent candidat.

Le S10 est plutôt pour vous si :

  • A vos yeux, les smartphones deviennent trop difficiles à manipuler d’une main.
  • Vous attendez avec impatience la disparition totale des marges autour des écrans.
  • Les mots « charge inversée », « vidéo HDR » et « WiFi 6 » sonnent de façon magique à vos oreilles.

Le S10 n’est plutôt pas pour vous si :

  • Vous êtes prêt à investir dans le meilleur mobile seulement si son prix est raisonnable.
  • Vous pouvez vivre sans chargeur sans fil et sans étanchéité.
  • Vous ne prenez pas beaucoup de photos de voyage.