Le ministre vénézuélien de l’industrie, Tareck El Aissami, devant l’Assemblée nationale à Caracas, à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance, le 5 juillet 2017. / JUAN BARRETO / AFP

Le ministre vénézuélien de l’industrie, Tareck El Aissami, a été inculpé à New York pour avoir contourné des sanctions du Trésor américain liées au trafic de drogue, a fait savoir, vendredi 8 mars, le procureur fédéral de Manhattan.

M. El Aissami, qui était sous le coup de sanctions du Trésor américain après avoir été placé, début 2017, sur sa liste des narcotrafiquants, « a utilisé sa position de pouvoir pour s’engager dans le trafic international de drogue » et « contourné les sanctions », a déclaré un agent spécial du ministère de la sécurité intérieure, cité dans le communiqué du procureur.

M. El Aissami, 44 ans, et un complice présumé, l’homme d’affaires Samark Jose Lopez Bello, auraient violé les sanctions du Trésor en ayant recours à des jets privés de sociétés américaines pour voyager notamment en Russie, en Turquie et en République dominicaine, selon l’acte d’accusation rendu public par le procureur.

L’acte met en cause également deux citoyens américains, Victor Mones Coro et Alejandro Miguel Leon Maal, que M. El Aissami et son complice auraient payés pour ces vols, « en utilisant des associés pour livrer des paquets de cash à Caracas », envoyés illégalement aux Etats-Unis. Le premier, Victor Mones Coro, a été arrêté vendredi matin en Floride. Les quatre hommes font face à cinq chefs d’accusation. Chacun de ces délits présumés est passible d’une peine maximale de trente ans de prison.

Liste américaine de narcotrafiquants

« Les sanctions internationales restreignent les activités d’individus et de pays aux politiques et pratiques jugées incompatibles avec les Etats-Unis, a déclaré le procureur Geoffrey Berman. L’application de ces sanctions est essentielle aux intérêts de sécurité américains. »

MM. El Aissami et Lopez Bello avaient été inscrits sur la liste américaine de narcotrafiquants étrangers en février 2017, alors que M. El Aissami était vice-président du Venezuela. Le Trésor américain avait accusé M. El Aissami de faciliter, de protéger et de superviser d’importantes livraisons de drogue du Venezuela vers le Mexique et les Etats-Unis, d’avoir été payé par le narcotrafiquant vénézuélien Walid Makled et d’entretenir des liens avec le cartel mexicain Los Zetas.

C’est la première fois qu’un ministre vénézuélien est inculpé aux Etats-Unis depuis le début de la crise dans ce pays. Le gouvernement de Donald Trump a reconnu fin janvier le leader de l’opposition, Juan Guaido, qui s’est autoproclamé président par intérim, face au président en exercice Nicolas Maduro.

Dans ce contexte, et alors que les relations diplomatiques ont été rompues entre les deux pays, les Etats-Unis n’évoquent pas de demande d’extradition. A partir de maintenant, « El Aissami et Lopez Bello devront réfléchir à deux fois avant de quitter le Venezuela car ils sont recherchés par la justice new-yorkaise », affirme simplement le communiqué.