Juan Guaido, à l’Assemblée nationale vénézuélienne, le 11 mars. / MARCO BELLO / REUTERS

Alors que le Venezuela est toujours confronté à une panne d’électricité qui paralyse le pays depuis jeudi, l’Assemblée nationale a décrété l’état d’alerte, lundi 11 mars. Ce vote – qui correspond à la phase préliminaire avant l’état d’urgence –, avait été demandé par le chef d’Etat par intérim autoproclamé, Juan Guaido, qui est également président de l’Assemblée nationale.

« L’état d’alerte est décrété sur tout le territoire national (…) en raison de la situation calamiteuse dans le pays due à l’interruption de l’électricité », dispose le décret soumis par M. Guaido, qui fait appel à la « coopération internationale ».

Mais ce vote reste symbolique : M. Guaido ne dispose en effet pas des moyens de faire appliquer un état d’alerte. Il n’a pas la main sur l’armée, ni sur la police ou sur le reste de la fonction publique, qui sont sous le commandement du président Maduro. Mais en agissant ainsi, il ouvre la voie à une intervention étrangère au nom de l’aide humanitaire.

Devant l’Assemblée réunie en session extraordinaire, la seule institution contrôlée par l’opposition, M. Guaido a appelé « toute la population » du Venezuela à manifester de nouveau à Caracas et « partout » ailleurs mardi. « Non, la situation n’est pas normale au Venezuela et nous n’allons pas laisser se normaliser cette tragédie », a-t-il insisté, énumérant les nombreuses pénuries, dont celle de l’eau, qui devient particulièrement aiguë au quatrième jour de cette panne gigantesque.

L’eau et la nourriture commencent à manquer

Pour le président en exercice, Nicolas Maduro, cette panne géante qui affecte l’ensemble du pays est due à une attaque « cybernétique » fomentée par les Etats-Unis avec l’opposition contre la principale centrale hydroélectrique vénézuélienne. Dimanche, le ministre de l’intérieur, Vladimir Padrino, assurait que le pays était calme et qu’il n’y avait « rien à signaler ».

Dans la capitale, à Caracas lundi, le courant reste fragile, même si les feux de signalisation fonctionnent à nouveau. Certains commerces ont également repris leur activité, les transactions électroniques étant en partie rétablies. Mais la crise énergétique se poursuit bel et bien : lundi à l’aube, une installation électrique a explosé à Caracas pour des raisons inconnues et des magasins ont été pillés dimanche. La situation reste également confuse dans les hôpitaux et en province, où des pillages étaient signalés lundi à Maracaibo.

L’eau et la nourriture commencent à manquer. A tel point que le gouvernement a annoncé qu’il allait commencer lundi des distributions dans les quartiers populaires. Le président socialiste a décrété une nouvelle journée chômée pour les administrations et les écoles lundi, faute de transports publics.

Selon des ONG, la panne a déjà provoqué la mort d’au moins 15 malades dans les hôpitaux – dont très peu sont équipés de générateurs en état de marche – mais, en l’absence de bilan officiel et de moyens de communications, il est impossible de savoir ce qui se passe exactement dans le pays.

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