Des Brésiliennes tiennent une banderole sur laquelle on peut lire « Justice pour Marielle », en référence à la conseillère municipale assassinée Marielle Franco, lors d’une marche à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes à Rio de Janeiro, (Brésil), le 8 mars 2019. / SILVIA IZQUIERDO / AP

Deux policiers soupçonnés d’être impliqués dans l’assassinat, il y a un an, de l’élue noire Marielle Franco et de son chauffeur ont été arrêtés, mardi 12 mars, a annoncé le parquet de Rio de Janeiro.

Le policier militaire en retraite Ronie Lessa, suspecté d’avoir criblé de balles la conseillère municipale de Rio et son chauffeur, Anderson Gomes, dans leur voiture le 14 mars 2018, a été arrêté à l’aube à son domicile. Elcio Vieira de Queiroz, qui a été exclu de la police militaire et qui a conduit le véhicule ayant filé la voiture de Marielle Franco après une réunion de militantes en plein centre de Rio, a lui aussi été arrêté chez lui.

« Les enquêtes ont conclu, sur la base de diverses preuves, que Lessa est l’auteur des crimes […] et des tirs […] avec la participation d’Elcio, qui a conduit [le véhicule] utilisé pour l’exécution », a déclaré le parquet dans un communiqué. Ses services ont précisé que « l’assassinat [avait] été méticuleusement planifié pendant les trois mois ayant précédé le crime ».

Marielle Franco, élue homosexuelle, née dans une favela et engagée contre le racisme, l’homophobie, les violences policières et les milices dans les zones défavorisées de la ville, a été abattue à l’âge de 38 ans. Elle était conseillère du Parti du socialisme et de la liberté (PSOL, gauche). Cet assassinat avait provoqué des manifestations massives dans tout le Brésil et suscité également beaucoup d’émotion à étranger.

Phénomène des milices

Le gouvernement conservateur du président, Michel Temer, avait promis de faire aboutir rapidement l’enquête. Mais celle-ci a piétiné pendant un an, dans un pays où l’écrasante majorité des homicides reste impunie, tandis que les sympathisants de « Marielle » continuaient de réclamer justice.

Pour le premier anniversaire de sa mort, de nombreuses manifestations devraient se dérouler jeudi dans le pays. Le carnaval de Rio, au début de mars, a été l’occasion d’un hommage très appuyé à Marielle Franco de l’une des écoles de samba, Mangueira, qui a d’ailleurs été sacrée championne à l’issue d’un défilé très politique.

Rio de Janeiro est confrontée depuis une vingtaine d’années au phénomène des milices – des groupes formés d’agents ou d’ex-agents de sécurité qui font régner leur loi dans les favelas.