Croquis d’audience représentant la juge Laurence Massart et Mehdi Nemmouche au tribunal de Bruxelles, le 3 mars 2019. / IGOR PREYS / AFP

Le djihadiste français Mehdi Nemmouche, reconnu coupable aux assises de Bruxelles des quatre « assassinats terroristes » commis en 2014 au musée juif de la capitale belge, a été condamné à la réclusion à perpétuité, lundi 11 mars. Ce verdict n’est pas susceptible d’appel.

Cette peine avait été requise dans la matinée par le parquet. « Ce qu’on vous demande, sans la moindre hésitation, c’est de condamner Mehdi Nemmouche à la réclusion à perpétuité », avait déclaré l’avocat général, Yves Moreau, à l’issue de son réquisitoire, ne trouvant « aucune circonstance atténuante » en faveur de l’accusé, qualifié de « psychopathe ».

« M. Nemmouche, vous n’êtes qu’un lâche, vous tuez des gens en leur tirant dessus par derrière, vous tuez des dames âgées en leur tirant dessus à l’arme de guerre, vous tuez car cela vous fait plaisir de tuer et parce que vous savez que vous ne prenez aucun risque. »

« La vie continue », a ironisé M. Nemmouche après les réquisitions de l’avocat général. Son avocat Me Sébastien Courtoy avait, lui, demandé au jury d’éviter « une mort lente » à son client et de le condamner à « 35 ans, plus 10 ans ». « Et à 75 ans il pourra revenir dans le monde des vivants », a-t-il dit.

Jeudi dernier, après deux jours et demi de délibérations, les 12 jurés et les trois magistrats professionnels avaient déjà estimé que Mehdi Nemmouche, 33 ans, jugé avec un co-accusé Nacer Bendrer, 30 ans, étaient tous deux les auteurs de la tuerie.

Pour la défense, Nemmouche victime d’un « piège »

Le premier, un délinquant multirécidiviste devenu un soldat du djihad, a été reconnu coupable d’avoir abattu de sang-froid, en moins d’une minute et demie, les époux Riva ainsi qu’un jeune employé belge et une bénévole française, le 24 mai 2014 au Musée juif. Le second, un délinquant marseillais, a été désigné « co-auteur » de l’attaque antisémite pour avoir fourni les armes et les munitions. Une aide « indispensable » sans laquelle le quadruple assassinat n’aurait pu être commis, d’après l’arrêt de la cour. Les jurés sont allés au-delà de ce que réclamait l’accusation, qui voyait en Nacer Bendrer un « complice ».

Le Marseillais clamait son innocence. Au procès, il a reconnu que Nemmouche lui avait demandé une Kalachnikov début avril 2014, mais a affirmé n’avoir pas donné suite. Sans convaincre les jurés. Nacer Bendrer purge déjà une peine de prison en France. En septembre il avait été condamné à cinq ans d’emprisonnement pour une tentative d’extorsion de fonds à Marseille dans le milieu du narcobanditisme.

Concernant Medhi Nemmouche, radicalisé en prison avant de rejoindre l’organisation djihadiste Etat islamique (EI) en Syrie en 2013, la cour d’assises a « écarté » la thèse de sa défense, qui l’avait décrit comme la victime d’un « piège » tendu par de supposés agents des services iraniens ou libanais pour lui faire porter la responsabilité de la tuerie. « La défense s’est bornée à énoncer un ensemble de déductions éparses sans jamais les approfondir », stipule l’arrêt, en écho à la plaidoirie confuse de Me Sébastien Courtoy, avocat du djihadiste.