L’actrice Felicity Huffman a été interpellée, mardi 12 mars en Californie. / MIKE BLAKE / REUTERS

Une cinquantaine de personnes ont été inculpées aux Etats-Unis, mardi 12 mars, dans une affaire de pots-de-vin destinés à faire entrer leurs enfants dans des universités prestigieuses. Parmi elles se trouvent les actrices Felicity Huffman (Lynette Scavo dans Desperate Housewives) et Lori Loughlin (Becky dans La Fête à la maison), qui ont toutes deux été interpellées mardi dans la région de Los Angeles. Les deux comédiennes devaient être présentées à un juge en début d’après-midi, afin de se voir signifier leur inculpation pour transfert frauduleux de fonds.

Selon l’enquête, Felicity Huffman a versé 15 000 dollars (13 300 euros) pour que les résultats d’examen d’une de ses filles soient falsifiés. Quant à Lori Loughlin et son mari, le designer Mossimo Giannulli, ils auraient versé quelque 500 000 dollars (443 000 euros) de pots-de-vin afin que leurs deux filles soient admises à l’université de Californie du Sud (USC).

Argent, corruption et privilèges sont au centre de ce vaste scandale de pots-de-vin qui a éclaboussé de nombreuses personnalités aux Etats-Unis, décidées à contourner le système ultra-compétitif des admissions aux grandes universités américaines.

25 millions de dollars au total

Selon l’acte d’accusation, des intermédiaires auraient falsifié les dossiers des enfants, dont leurs résultats à des examens, afin de faciliter leur admission. A la tête de ce réseau qui a opéré entre 2011 et 2018, William Singer a été inculpé de quatre chefs d’accusation différents, dont extorsion et blanchiment. Il devrait plaider coupable devant un magistrat mardi après-midi.

L’organisation criminelle, qui opérait par le biais d’une fondation, aurait reçu 25 millions de dollars (22,15 millions d’euros) au total de parents désireux de voir leurs enfants admis dans des universités prestigieuses telles que Yale, Georgetown, Stanford, l’université du Texas, UCLA et l’université de Wake Forest.

Au total, 33 parents ont été inculpés pour avoir eu recours aux services de M. Singer, moyennant le paiement de sommes allant jusqu’à 6,5 millions de dollars (5,8 millions d’euros). La liste comprend de nombreuses personnalités du monde de la finance, de l’immobilier ou du droit, comme le financier Bruce Isackson ou le promoteur Robert Flaxman.

Mais l’enquête est toujours en cours et d’autres parents pourraient encore être poursuivis. A ce stade, les universités elles-mêmes ne sont pas visées, pas plus que les enfants des parents inculpés, même si certains étaient au courant du stratagème dont ils bénéficiaient.

« Une culture de corruption et de cupidité »

« Il ne peut pas y avoir de système d’admission distinct pour les personnes aisées et (…) il ne peut pas y avoir de système judiciaire différent non plus », a commenté le procureur fédéral du Massachusetts, Andrew Lelling, lors d’une conférence de presse organisée à Boston.

Selon les enquêteurs, outre les falsifications d’examens standards obligatoires pour l’entrée à l’université, le SAT et l’ACT, l’organisation criminelle s’était également entendue avec des entraîneurs sportifs universitaires. Moyennant le versement de pots-de-vin, ceux-ci désignaient le fils ou la fille d’un client de l’organisation comme une recrue potentielle pour son équipe, ce qui augmentait ses chances d’intégrer l’université.

« Les parents inculpés aujourd’hui, bien que déjà en situation de donner à leurs enfants tous les avantages licites dans le système d’admission à l’université, ont choisi de le corrompre et de le manipuler à leur profit », a déclaré Andrew Lelling.

Joseph Bonavolonta, l’agent du FBI en charge de l’enquête, a renchéri :

« Nous considérons que toutes les personnes inculpées aujourd’hui ont contribué à favoriser une culture de corruption et de cupidité qui a biaisé le système pour les étudiants qui essayaient d’intégrer ces facultés de façon honnête. »

« Le collège Board a une approche globale et solide pour lutter contre la triche, qui inclut une collaboration étroite avec les autorités », a précisé l’organisation à l’AFP.