Des employés de l’usine Boeing à Renton, aux Etats-Unis, le 12 mars près d’un 737 MAX 9. / JASON REDMOND / AFP

Le monde se ferme aux Boeing 737 MAX 8 et 9, à l’exception des Etats-Unis, qui soutiennent leur constructeur. Comme plusieurs pays asiatiques, l’Europe a suspendu, mardi 12 mars, les vols de cet appareil, impliqué dans la catastrophe aérienne qui a tué 157 personnes, le 10 mars en Ethiopie.

  • Où en est l’enquête ?

Les causes de la tragédie de dimanche ne sont pas encore connues. Elle est intervenue quelques mois après le crash d’un autre Boeing 737 MAX de la compagnie aérienne indonésienne Lion Air, qui avait fait 189 victimes le 29 octobre. Rien ne permet, à ce stade, d’établir un lien entre les deux accidents, même si l’un et l’autre se sont produits peu après le décollage.

L’enquête sur l’accident du Boeing de Lion Air d’octobre n’a pas encore livré ses conclusions, mais l’attention s’est portée sur le rôle des systèmes informatiques à bord, en particulier les sondes d’angle d’attaque, reliées au système de stabilisation de l’avion. Un dysfonctionnement de ces outils peut conduire l’ordinateur de bord, pensant être en décrochage, à mettre l’appareil en piqué, alors qu’il faudrait, au contraire, le redresser. Boeing a annoncé son intention d’actualiser ses logiciels dans les prochaines semaines.

Sur le site de l’accident en Ethiopie, les enquêteurs de l’Agence éthiopienne de l’aviation civile ont été rejoints par une équipe technique de Boeing et par des enquêteurs américains des autorités de l’aviation civile.

Les deux boîtes noires – l’une contenant les données techniques du vol et l’autre l’enregistrement des discussions et des alarmes dans le cockpit – ont été retrouvées lundi. Elles pourraient être exploitées par le Conseil national de la sécurité des transports américain (NSTB, National Transportation Safety Board).

  • Quels pays ont interdit de vol les Boeing 737 MAX depuis la catastrophe ?

De nombreux pays et compagnies aériennes, dont la liste continuait à s’allonger mercredi 13 mars, ont interdit de vol le dernier-né de l’avionneur américain.

Après des interdictions successives de la France, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et des Pays-Bas, l’Agence européenne de sécurité aérienne (AESA) a suspendu tous les vols des MAX 8 et des MAX 9, qu’ils soient à destination, au départ, ou à l’intérieur de l’Union européenne, que les opérateurs soient européens ou issus de pays tiers.

Dans le sillage de l’Europe, l’Inde a annoncé qu’elle clouait au sol les 737 MAX. Et, mercredi, la Nouvelle-Zélande, le Vietnam et Hongkong ont suivi le mouvement. Actuellement, aucune compagnie vietnamienne ne fait voler des 737 MAX, mais le transporteur low cost Vietjet en a commandé deux cents en février.

Les Etats-Unis ont persisté dans leur refus de se rallier à l’interdiction de vol

Isolés face à l’immense pression internationale, les Etats-Unis ont, quant à eux, persisté dans leur refus de se rallier à l’interdiction de vol. L’Agence fédérale de l’aviation américaine (la FAA, Federal Aviation Administration) a simplement demandé des modifications portant sur des systèmes automatisés – dont le MCAS (Maneuvering Characteristics Augmentation System) qui aide à éviter un décrochage des 737 MAX. « Jusqu’à présent notre examen du dossier ne montre aucun problème de performance et ne fournit aucune raison pour ordonner l’immobilisation de cet avion, affirme la FAA. Nous continuons à être impliqués dans l’enquête sur l’accident et prendrons les décisions sur les suites à donner en fonction des éléments récoltés », a assuré une porte-parole.

Solidaire des Etats-Unis, le Canada a décidé de continuer à faire voler les Boeing 737 MAX, jugeant une interdiction « prématurée ». « Il faut déterminer la cause de cet accident. Il y a toutes sortes de possibilités qui pourraient expliquer pourquoi cet accident s’est produit », a fait valoir le ministre des transports canadien, Marc Garneau.

  • Quel impact sur le trafic aérien et les passagers ?

L’interdiction de vol pour un avion récent est un camouflet inédit dans l’histoire de l’aviation civile. Pourtant, elle ne devrait pas semer le chaos dans le trafic aérien mondial. Les 737 MAX ne sont, en effet, entrés en service qu’en mai 2017.

Plus de 370 appareils de cette famille volent dans le monde aujourd’hui, un chiffre à mettre en regard des quelque 19 000 avions d’au moins 100 passagers en service au niveau international, tous modèles confondus, selon une étude publiée en 2018 par Airbus.

Aux Etats-Unis, les personnels navigants et les passagers se montrent inquiets, beaucoup refusant désormais d’embarquer sur cet appareil. Le syndicat des personnels navigants (APFA), représentant des salariés d’American Airlines, a ainsi encouragé ses membres à ne pas monter à bord d’un 737 MAX 8 s’ils ne se sentaient pas en sécurité.

L’Ethiopie endeuillée par le crash du Boeing 737
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