Le président Trump n’a pas exclu de gracier Paul Manafort. Il a loué le « courage » de celui qui a dirigé sa campagne pendant deux mois, l’opposant au « traître » Michael Cohen, son ancien avocat. / Jose Luis Magana / AP

Moins d’une semaine après une première condamnation à près de quatre ans de prison, Paul Manafort, l’ancien directeur de campagne de Donald Trump, sera fixé, mercredi 13 mars, sur sa peine pour des délits découverts dans le cadre de l’enquête russe. Agé de 69 ans, l’ex-consultant républicain a été condamné jeudi à 47 mois de prison pour fraudes fiscales et bancaires devant un tribunal fédéral de Virginie, où il a comparu en fauteuil roulant. Incapable de se lever en raison d’une santé chancelante, il s’y est dit « humilié » et « honteux ».

Mercredi, il se retrouve devant la juge Amy Berman Jackson, magistrate fédérale de Washington. Il encourt jusqu’à dix ans de prison supplémentaires pour avoir dissimulé ses activités de conseil auprès d’Ukrainiens prorusses de 2004 à 2014, et pour avoir tenté de corrompre des témoins. Il avait accepté en septembre de plaider coupable dans cette affaire.

Mensonges « délibérés » aux enquêteurs

Dans l’espoir d’une peine plus légère, il a accepté de coopérer avec l’équipe du procureur spécial Robert Mueller. Celui-ci cherche à établir si Moscou s’est entendu avec l’entourage de Donald Trump pour influencer la présidentielle de 2016 et s’est naturellement intéressé à Paul Manafort, qui a dirigé pendant deux mois sa campagne. La justice a toutefois établi que le lobbyiste avait violé cet accord de coopération et « délibérément » menti aux enquêteurs lors d’une dizaine d’interrogatoires.

Il a notamment essayé de les tromper sur ses contacts en 2016 et 2017 avec Konstantin Kilimnik, un ancien associé soupçonné d’être lié aux services de renseignement de Moscou. Il lui aurait transmis des sondages d’opinion pendant la campagne de 2016. Le procureur Mueller a appelé le tribunal fédéral de Washington à « prendre en compte la gravité de ce comportement » et à lui infliger une peine « dissuasive ». La juge Amy Berman Jackson doit rendre sa décision à partir de 9 h 30 (14 h 30 à Paris).

Son jugement est très attendu, après la peine relativement clémente retenue par le juge T. S. Ellis en Virginie, alors que le ministère de la justice avait préconisé une sentence comprise entre 19 et 24 ans de prison. Le juge Ellis a simplement souligné que les faits reprochés à Paul Manafort devant son tribunal (la dissimulation de 55 millions de dollars sur des comptes offshore et des mensonges pour obtenir des prêts bancaires) « n’avaient rien à voir avec une quelconque collusion avec la Russie ».

Soutien de Trump

La procédure en cours à Washington ne porte pas non plus sur une entente avec Moscou, même si les délits de Paul Manafort ont été débusqués par l’équipe du procureur Mueller. La juge Jackson pourrait toutefois se montrer plus sévère que son confrère. C’est elle qui avait ordonné d’incarcérer Paul Manafort, après qu’il eut essayé de contacter des témoins. Lors des audiences intermédiaires, elle a souvent sèchement recadré ses avocats.

Si elle retenait une peine lourde, il resterait un espoir à l’ancien lobbyiste : le président Trump n’a pas exclu de le gracier. Il a loué le « courage » de celui qui a dirigé sa campagne, l’opposant au « traître » Michael Cohen, son ancien avocat, qui a retourné sa veste quand il a eu le procureur Mueller aux trousses.