Le président français, Emmanuel Macron, et son homologue kényan, Uhuru Kenyatta, à Nairobi, le 13 mars. / Ben Curtis / AP

Dernière étape d’un périple présidentiel de quatre jours en Afrique de l’Est, la visite à Nairobi, mercredi 13 et jeudi 14 mars, est placée sous le signe de la diplomatie économique. La tribune pour la conférence de presse des deux présidents, le Kényan Uhuru Kenyatta et le Français Emmanuel Macron, a été installée sur un quai de la vieille gare centrale construite en 1889. « Le train permet de réduire la pollution et les embouteillages », explique M. Kenyatta, porte-étendard d’une politique de lutte contre le réchauffement climatique à la tête d’un pays où 75 % du mix énergétique est composé de renouvelable.

Le groupe Transdev a obtenu un contrat d’un montant de quelque 400 millions d’euros pour la rénovation et surtout le prolongement de la ligne de banlieue entre la gare de Nairobi et l’aéroport international Jomo-Kenyatta. Un trajet qui, actuellement, peut prendre deux heures par la route les jours de forte affluence. Emmanuel Macron, premier président français à se rendre au Kenya en visite d’Etat depuis l’indépendance en 1963, assure que « la ligne fonctionnera dès 2021 ».

« Volontarisme »

Un peu plus tôt, devant le State House, le siège de la présidence, grand bâtiment colonial, il revendiquait en anglais d’offrir « le meilleur du savoir industriel français » devant son homologue kényan. Une 3008 Peugeot électrique tout juste sortie de l’usine d’assemblage installée au Kenya en 2017 trônait à côté de la tribune sous un dais aux couleurs nationales du pays hôte. « La France est seulement notre 17e partenaire commercial et nous espérons que sa part va augmenter », assurait M. Kenyatta.

« Nous avons fait avancer plusieurs dossiers, dont un projet autoroutier, qui sera conclu d’ici au 14 mars au matin, un projet de près de 1,5 milliard d’euros. Et nous avons ce même volontarisme sur un total d’à peu près 3 milliards d’euros de contrats », a expliqué Emmanuel Macron lors de la conférence de presse à la gare. Des contrats ont été signés pour 2 milliards d’euros jeudi, les autres restent à formaliser. Le plus important est celui pour l’attribution au groupe Vinci (Vinci Concessions, Sogea-Satom, Meridam) de la concession sur trente ans d’une autoroute à construire entre Nairobi et la ville de Nakuru, plus au nord, un axe routier majeur.

Face à la montée en puissance économique de la Chine dans toute l’Afrique orientale, Emmanuel Macron se fait l’apôtre d’un « partenariat respectueux ». A Djibouti déjà, pays dont Pékin détient 60 % de la dette, il avait rappelé la nécessité d’un « cadre clair pour que de tels investissements et un endettement excessif ne réduisent pas la souveraineté des Etats ni ne fragilise leur situation économique ».

Interrogé sur ce que la France pouvait apporter de différent au Kenya par rapport à la Chine, Uhuru Kenyatta a très diplomatiquement rétorqué que « l’on ne peut pas comparer des pommes à des oranges même si elles sont toutes bonnes. Nous tirons profit de ce que le monde a à offrir de meilleur et la France a beaucoup à nous offrir ». Le président français a déclenché l’hilarité de son hôte, quand il lui a demandé « s’il était une pomme ou une orange ».