Lors d’une cérémonie de restitution d’ossements des peuples herero et nama à la Namibie, à Berlin, le 29 août 2018. / Christian Mang / REUTERS

Les autorités allemandes ont convenu d’accélérer les restitutions de restes humains et d’œuvres d’art datant de l’époque coloniale, marquée par le massacre de plusieurs populations africaines.

Les ministères de la culture et des affaires étrangères, ainsi que les autorités culturelles régionales et municipales, se sont accordés, dans un document cadre de huit pages publié mercredi 13 mars, pour que les institutions scientifiques et culturelles allemandes fassent un inventaire des « biens ethnologiques, d’histoire naturelle, artistiques et historico-culturels » issus de la colonisation. Il s’agira ensuite d’établir lesquels « ont été acquis d’une manière qui, juridiquement ou éthiquement, n’est plus acceptable aujourd’hui » et d’en organiser la restitution. « La priorité dans ce travail revient aux restes humains datant de la période coloniale », expliquent les responsables allemands.

Cette annonce n’est pas la première parmi les anciennes puissances coloniales. Ainsi, en France, le président Emmanuel Macron veut multiplier les restitutions d’œuvres d’art aux pays africains. Mais, particularité allemande, divers musées, universités, collectionneurs et institutions disposent de collections d’ossements qui ont servi à des expériences scientifiques à caractère racial. Le médecin Eugen Fischer, qui a officié à Shark Island, en Namibie, et dont les écrits ont influencé Adolf Hitler, cherchait ainsi à prouver la « supériorité de la race blanche ».

Premier génocide du XXe siècle

L’histoire de l’empire colonial allemand (1884-1918) a été marquée par la politique d’extermination des populations révoltées herero et nama, sur le territoire de l’actuelle Namibie. Les restes de certaines victimes ont ensuite été emportés sur le territoire allemand. Nombre d’ossements restent encore stockés dans divers établissements publics. En août 2018, l’Allemagne a ainsi restitué 19 crânes, un scalp et d’autres ossements à la Namibie.

Berlin a reconnu sa responsabilité pour les massacres des Herero et des Nama, mais n’a pas présenté d’excuses officielles pour ce que certains historiens considèrent comme le premier génocide du XXe siècle. Namibiens et Allemands négocient depuis de longues années à ce sujet, alors que Berlin est opposé au versement de réparations aux descendants des victimes. L’empire allemand recouvrait aussi une partie de l’Afrique des Grands Lacs, les territoires du Togo et du Cameroun, ainsi que des îles du Pacifique.