Devant la porte de l’ambassade de Corée du Nord à Madrid, le 28 février 2019. / SERGIO PEREZ / REUTERS

La mystérieuse attaque contre l’ambassade nord-coréenne à Madrid du 22 février impliquerait des personnes liées à la CIA, selon des sources policières et de renseignement espagnols interrogées par El País. « Au moins deux des dix assaillants qui ont frappé et séquestré les huit personnes qui se trouvaient dans l’ambassade ont été identifiés et ont des liens avec les services secrets américains », rapportait le quotidien.

Les autorités espagnoles se seraient enquises auprès de la CIA de son implication dans l’affaire. « La réponse a été négative, mais peu convaincante », révèle le journal.

L’alerte avait été donnée par une femme nord-coréenne qui était sortie de l’ambassade en criant. Lorsque les policiers espagnols s’étaient présentés à la porte de la représentation diplomatique nord-coréenne, un homme asiatique, un pin’s de Corée du Nord au veston, avait ouvert et expliqué que tout était normal.

Mais un « commando » avait pris la fuite quelques minutes plus tard dans des véhicules appartenant à la délégation et dotés de plaques diplomatiques – à bord, notamment, l’homme qui avait ouvert la porte. Ceux-ci avaient ensuite été abandonnés. Selon de nouveaux détails donnés par El País, lors des deux heures qu’a duré la séquestration, le chef présumé du commando, que ses complices appelaient « l’imprésario » a emmené dans une pièce séparée le plus haut responsable de l’ambassade, son chargé d’affaires, pour l’interroger.

Les assaillants, munis apparemment de fausses armes, ont placé des sacs sur la tête du personnel de l’ambassade, qui a été frappé. Ils n’ont emmené que des téléphones portables et des ordinateurs. Madrid aurait donc écarté la piste d’une opération d’ordre criminelle de droit commun, constatant qu’elle a été méticuleusement planifiée.

Négociateur en chef de Kim Jong-un

Après trois ans en fonction, l’ambassadeur nord-coréen à Madrid, Kim Hyok-chol, avait été expulsé d’Espagne en septembre 2017, une mesure de rétorsion contre la multiplication des tirs balistiques et essais nucléaires nord-coréens. Or, il allait être appelé à jouer le rôle de négociateur en chef de Kim Jong-un au sommet d’Hanoï du 28 février. Les « sources consultées considèrent comme acquis que l’objectif des assaillants était d’obtenir des informations sur Kim Hyok-chol », écrit El País.

La piste américaine, si elle devrait se confirmer, serait lourde d’implications diplomatiques , des sources gouvernementales citées par le quotidien espagnol jugeant « inacceptable » qu’un allié agisse de la sorte.

Le site d’informations en ligne El Confidencial, qui fut le premier à révéler l’attaque, avait également noté que la police s’intéressait à un incendie survenu le 2 février et qui avait détruit l’antenne téléphonique et le transformateur électrique situés à quelques mètres de l’ambassade.