De gauche à droite : le sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders, le sénateur démocrate du Connecticut, Chris Murphy, et le sénateur républicain de l’Utah, Mike Lee, au Capitol à Washington, le 13 mars. / J. Scott Applewhite / AP

Le Sénat, contrôlé par les républicains, a infligé mercredi 13 mars un nouveau camouflet au président des Etats-Unis Donald Trump en approuvant une résolution l’exhortant à arrêter tout soutien à la coalition saoudienne dans la guerre au Yémen, sauf en cas d’autorisation formelle du Congrès.

Ce texte a été adopté par 54 voix pour, contre 46, avec le soutien de sept élus du Grand Old Party. Il doit encore être approuvé par la chambre basse, où il devrait être voté puisqu’une résolution similaire a récemment reçu une solide majorité des voix.

Veto de la Maison Blanche

Le texte n’ira toutefois pas plus loin car le chef de l’Etat fédéral mettra son veto, a rapporté la Maison Blanche, en se déclarant « fermement opposée » à cette résolution « bancale ». Cela représenterait néanmoins une humiliation pour le président américain, forcé de recourir à cette mesure, alors même que les républicains contrôlent le Sénat (53 sièges sur 100).

Donald Trump est en plus sous la menace d’un autre vote sanction du Sénat, jeudi, lorsque la chambre haute procédera au vote final sur une résolution démocrate exigeant de mettre fin au financement en urgence du mur qu’il construit à la frontière avec le Mexique. Là aussi, il a promis de faire usage de son veto, ce qui serait une première depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier 2017.

Avec la résolution sur le Yémen, « le Congrès exige au président de retirer les forces armées américaines des hostilités dans, ou affectant, [le pays], à l’exception » des opérations visant Al-Qaida et associés, sous 30 jours après l’adoption du texte. Celui-ci prévoit que la Maison Blanche puisse demander un report de cette date, que le Congrès devrait approuver.

C’est maintenant au tour de la Chambre des représentants, à majorité démocrate, d’approuver définitivement la résolution. Elle avait adopté un texte similaire le 13 février, par 248 voix favorables contre 177.

« Pire crise humanitaire du monde »

Le rare soutien de sénateurs des deux partis à un même texte s’explique en grande partie par la profonde colère provoquée au Congrès par l’assassinat en Turquie, en octobre 2018, du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, par un commando venu de Riyad. La réaction tiède de Donald Trump face au prince héritier Mohammed Ben Salmane a notamment poussé des parlementaires indépendamment de leur tonalité idéologique à s’unir.

Portée par le sénateur indépendant du Vermont, Bernie Sanders, cette résolution avait déjà été approuvée au Sénat en décembre 2018. Mais le nouveau Congrès a pris ses fonctions en janvier, ce qui a mené à l’annulation des mesures qui n’avaient pas encore été adoptées définitivement.

« La participation américaine à la guerre menée par l’Arabie saoudite au Yémen n’a pas été autorisée par le Congrès, a souligné M. Sanders avant le vote. Et elle contribue à la pire crise humanitaire du monde. » Le républicain de l’Utah, Mike Lee, qui a co-présenté cette résolution, avait fait valoir que « les Saoudiens utilisent probablement » des armes américaines « pour commettre des crimes de guerre ».

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