Le chanteur Drake à Londres, en 2015. / Jonathan Short / Invision

Pour les méga-stars du rap américain, mais aussi pour leur public, c’est aujour­d’hui une affaire entendue. Quand vous vous déplacez pour les voir sur scène, vous assistez à un spectacle pyrotechnique, à une installation visuelle, mais pas à un concert. Pas de musiciens, pas de DJ, pas de choristes sur le plateau. Vous en prenez plein les mirettes, si peu au niveau musical.

Mercredi 13 mars, pour la première date de ses trois shows parisiens à l’AccorHotels Arena de Paris, le rappeur canadien Drake en a encore fait la démonstration. Il n’est pas le seul. La semaine dernière, sur la même scène, la rappeuse Nicki Minaj, qui appartient également au label Cash Money Records, avait adopté la même forme : pas de performance lyrique derrière le micro mais une harangue joviale sur la bande-son de son propre disque, du voice over comme on dit en anglais, pas du play-back mais presque. Si Nicki Minaj est arrivée juchée sur une licorne rose, et a pris des poses lascives dans un lit à baldaquin, Drake, lui, a été bien plus ambitieux et certainement moins économe.

Son scénographe, ses techniciens s’en sont donné à cœur joie : voiture de sport volant au-dessus du public, drones lumineux télécommandés au faux air de lucioles féeriques au-dessus de l’artiste, panneau de basket et terrain dessinés au laser, feux d’artifices, pétards, écran numérique au sol et au plafond qui projettent des vagues, des trous noirs et laissent tomber un rideau transparent pour faire joli. La scène rectangulaire occupe d’ailleurs quasiment toute la fosse, permettant une proximité chère à l’auteur de Best… I ever had.

Ces tableaux ainsi créés permettent de prendre de belles photos pour les réseaux sociaux, mais, manque de chance ce soir-là, les serveurs d’Instagram et de Facebook sont tombés en panne quelques minutes avant le concert. Habillé en G.I. Joe, avec l’aide de la marque Louis Vuitton, Drake, seul en scène, compense son manque de charisme par sa bonne humeur communicative, brossant le public dans le sens du poil.

« Wouah ! Je sens que vous allez être le meilleur public de mes vingt-deux concerts à venir en Europe… En plus, j’ai un fils qui est né ici, à Paris ! »

Autocélébration

Dans une première partie un peu molle, lancée par Soul Bossa Nova, de Quincy Jones (qui est au générique du film d’espionnage Austin Powers), Drake reprend la main avec son morceau Started From the Bottom, qui célèbre son ascension et sa domination dans les charts mondiaux en à peine dix ans depuis sa première mix tape, So Far Gone, en 2009. Après l’interlude de dix minutes d’un DJ, Drake impulse un nouveau rythme qui, passé les petites lucioles et la voiture volante, commence à ronronner.

Le temps de changer un veston en cuir, Drake chauffe l’ambiance à la mode jamaïcaine, communauté dont il est proche dans sa ville natale de ­Toronto, enchaînant les morceaux entouré de six danseuses aux formes généreuses. Son spectacle d’une heure et trente minutes à la gloire de sa propre carrière se termine sur son God’s Plan, extrait de son dernier album Scorpion. Feux d’artifice et confettis en prime, et la promesse de revenir avec un nouvel album l’année prochaine. Désormais, la routine 2.0.

The Assassination Vacation Tour, 15 et 16 mars à l’AccorHôtels Arena, 8, boulevard de Bercy, Paris (12e).