Après l’avoir exclu pendant des jours, Nathalie Loiseau a théâtralement annoncé sa candidature à la tête de la liste européenne de La République en marche (LRM), jeudi 14 mars, lors d’un débat face à Marine Le Pen organisé par « L’Emission politique » sur France 2. Sans en avoir référé à la majorité présidentielle, a-t-elle juré, sous les rires de la patronne de l’extrême droite française.

« Ce soir, c’est vrai, je suis prête à être candidate », a lancé la ministre des affaires européennes qui, à son entrée sur le plateau, avait pourtant une nouvelle fois affirmé l’inverse. « Madame Le Pen, je voudrais vous dire bravo. Bravo parce que vous avez réussi à me faire changer d’avis », a-t-elle dit. Avant de justifier son prétendu changement de pieds : « Je n’ai pas envie que l’Europe de demain ressemble à celle que vous avez dessinée avec les nationalistes ultralibéraux qui sont vos amis. Moi j’ai envie d’une Europe du partage et pas de la division. »

Marine Le Pen a riposté en traitant d’« hypertechnocrate » celle qui fut diplomate pendant vingt-six ans avant d’être directrice de l’ENA entre 2012 et 2017. « Vous défendez une Union européenne qui a laissé un saccage sur son passage. L’ultralibéralisme c’est vous qui le portez, les accords de libre-échange c’est vous qui les défendez ! », a-t-elle accusé.

« Un sens politique très fin »

« Je ne suis évidemment pas surpris par sa décision » d’être candidate, a réagi Edouard Philippe sur Europe 1, vendredi matin. Nathalie Loiseau, qui comme le premier ministre est issue des rangs juppéistes, « connaît remarquablement bien ses dossiers », a-t-il dit, avec « un sens politique très fin ». « C’est aussi une femme extrêmement déterminée et combattante », a-t-il ajouté. En devenant ministre des affaires européennes, en juin 2017, Mme Loiseau souhaitait faire prendre un tournant à sa vie et épouser une carrière politique. Depuis l’été 2018, cette mère de quatre garçons a multiplié les sorties médiatiques et les attaques contre Marine Le Pen. Jeudi, elle a donné un coup d’accélérateur.

A Matignon comme à l’Elysée, on affirme que la décision de Nathalie Loiseau n’a été prise que récemment. « Bien sûr qu’il y avait une dimension théâtrale à la manière dont elle l’a annoncé sur France 2, commente un conseiller de l’exécutif. Mais il y a quinze jours, elle n’était pas candidate. Ça a cheminé, ça a maturé. » « J’ai toujours dit que je voyais Nathalie Loiseau comme une excellente tête de liste potentielle », commente Stanislas Guerini, délégué général de LRM.

Jeudi soir, après l’annonce de la candidature de Nathalie Loiseau, Marine Le Pen a appelé les Français à voter pour le Rassemblement national le 26 mai. « Sinon, croyez-moi, le rouleau compresseur [Emmanuel Macron] se remettra en marche. »

En direct : Nathalie Loiseau, ministre des affaires européennes, invitée de « Questions politiques »