Lors d’une manifestation demandant le départ d’Abdelaziz Bouteflika, à Alger, le 15 mars. / Ramzi Boudina / REUTERS

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a confirmé dans un message, relayé lundi par les médias d’Etat, qu’il prolongerait son quatrième mandat au-delà de son terme constitutionnel, le 28 avril, jusqu’à un nouveau scrutin organisé à l’issue d’un processus de révision constitutionnelle.

« Que l’Algérie vive, dans un avenir proche, une transition harmonieuse et assiste à la remise de ses rênes à une nouvelle génération (…), tel est l’objectif suprême que je me suis engagé à concrétiser avant la fin de mon mandat présidentiel, à vos côtés et à votre service », souligne le chef de l’Etat dans ce message.

Le président avait déjà annoncé, le 11 mars, entendre remettre ses pouvoirs à un successeur élu lors d’un scrutin organisé à l’issue d’une conférence nationale, dont les missions seraient de réformer l’Algérie et de modifier la Constitution. Lundi, dans ce message transmis à l’occasion de la fête de la Victoire du 19 mars 1962 sur le colonisateur français, M. Bouteflika assure que cette conférence nationale chargée de changer le « régime de gouvernance » de l’Algérie et de « renouveler ses systèmes politique, économique et social » se tiendra « dans un très proche avenir ».

La révision constitutionnelle « globale et profonde » dont est chargée la conférence nationale, qui sera soumise « à référendum », « préludera à un nouveau processus électoral qui verra l’élection d’un nouveau président », rappelle, comme il l’avait fait le 11 mars, M. Bouteflika confirmant qu’il entend rester au pouvoir bien après le 28 avril.

« Prêter main-forte à l’armée »

Au pouvoir depuis vingt ans, M. Bouteflika, 82 ans, est affaibli par les séquelles d’un AVC qui l’a empêché depuis 2013 de s’adresser de vive voix aux Algériens et a rendu rares ses apparitions publiques. Cible depuis près d’un mois d’une contestation inédite depuis qu’il est au pouvoir, il a renoncé le 11 mars à briguer un cinquième mandat et a repoussé la présidentielle jusqu’à la fin de la conférence nationale, dont la date n’est pas fixée.

Vendredi, des millions d’Algériens sont à nouveau descendus dans la rue pour exprimer leur refus de la prolongation de fait de son actuel mandat. Si un délai d’un an a été parfois évoqué pour une transmission du pouvoir, il apparaît intenable à de nombreux observateurs vu l’ampleur de la tâche : désignation des participants et organisation des travaux de la conférence, élaboration d’une nouvelle Constitution, organisation d’un référendum, convocation et tenue d’une présidentielle…

La signature des accords d’Evian, le 19 mars 1962, marque la fin des opérations militaires françaises en Algérie et la fin de la guerre d’indépendance (1954-1962) contre le colonisateur français, qui aboutira le 5 juillet suivant à la proclamation de l’indépendance algérienne.

Dans son message, M. Bouteflika a, par ailleurs, appelé le peuple à être « à la hauteur de ses aspirations socio-économiques et culturelles » et à « prêter main-forte à son armée pour préserver l’Algérie contre les dangers extérieurs ». Plus tôt, le général Ahmed Gaïd Salah, chef d’Etat-major de l’armée algérienne avait appelé à la « responsabilité » de chacun pour trouver des « solutions dans les plus brefs délais » à la crise actuelle en Algérie.

Notre sélection d’articles pour comprendre la contestation en Algérie

Depuis le 22 février, le mouvement de protestation le plus important des deux dernières décennies en Algérie a poussé des dizaines de milliers de personnes dans les rues pour exprimer leur opposition à un cinquième mandat d’Abdelaziz Bouteflika, avant l’élection présidentielle prévue le 18 avril.

Retrouvez ci-dessous les contenus de référence publiés par Le Monde pour comprendre la crise qui traverse le pays :

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