Rassemblement à Simferopol, lundi 18 mars, pour célébrer les cinq ans de l’annexion de la Crimée. / ALEXEY PAVLISHAK / REUTERS

La Russie fête, lundi 18 mars, le 5e anniversaire de l’annexion de la Crimée qui est toujours vivement dénoncée par la communauté internationale. Malgré ces protestations, cette journée a été proclamée « Fête de la réunification entre la Crimée et la Russie » sur tout le territoire russe et donnera l’occasion à plein de festivités : flashmobs, concerts, spectacles…

De son côté le président russe, Vladimir Poutine, se rend lundi en Crimée. « C’est une date très importante pour tous les Russes », a souligné le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. « Pour nous, la question de Crimée est réglée une fois pour toutes », a souligné la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, à quelques jours du cinquième anniversaire de l’annexion, en saluant le « retour » de la péninsule « dans sa terre natale ».

A l’époque soviétique, l’administration de la Crimée, en majorité russophone, avait été retirée à la Russie pour être donnée à l’Ukraine. Mais le 18 mars 2014, Vladimir Poutine et les dirigeants de Crimée signaient le traité sur le « rattachement » de cette péninsule ukrainienne à la Russie, deux jours après un référendum non reconnu par la communauté internationale. La majorité de population criméenne avait alors voté pour rejoindre la Russie.

Dénoncée comme « annexion » par Kiev et l’Occident, cette décision a coûté à la Russie une série de lourdes sanctions européennes et américaines qui ont durement frappé l’économie russe. Vendredi, les Etats-Unis, en accord avec l’Union européenne, l’Australie et le Canada, ont d’ailleurs infligé de nouvelles sanctions contre des responsables russes pour ce que Washington qualifie de « poursuite de leur agression en Ukraine ».

« Ambiance de terreur »

« Ces cinq dernières années ont été marquées par une ambiance de terreur, ouverte ou dissimulée, contre ceux qui habitent en Crimée, en infraction avec le droit international », a dénoncé le ministre des affaires étrangères ukrainien, Pavlo Klimkine. Les Tatars de Crimée, communauté musulmane majoritairement opposée à l’annexion de la péninsule, subissent notamment une forte pression de la part des autorités russes.

Ces dernières années, la justice russe a ainsi non seulement interdit et qualifié d’« organisation terroriste » le Medjlis (l’assemblée des Tatars de Crimée) mais également fermé la chaîne de télévision de cette minorité. « On a privé les Criméens de leur Crimée, de leur patrie. Il est clair que la communauté internationale ne le reconnaîtra jamais », estime M. Klimkine.

Mais les autorités russes entendent tout de même célébrer ce cinquième anniversaire. A Moscou un festival baptisé « Printemps de Crimée » est organisé avec notamment des ateliers de cuisine consacrés aux plats traditionnels de cette péninsule, un festival de jazz dans un parc à deux pas du Kremlin, ainsi que l’organisation des expositions photos et des spectacles en plein centre-ville.

Dans la région de Moscou, une flashmob de danse doit réunir, selon les autorités locales, jusqu’à 10 000 personnes qui danseront sur les airs de Valse de Sébastopol, une populaire chanson soviétique écrite en 1955 sur cette ville criméenne, port d’attache de la flotte russe de la mer Noire. Et à Yalta, station balnéaire de Crimée, environ 2 000 personnes sont attendues pour participer à une autre flashmob visant à reconstituer un drapeau russe.