Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP, média jeune et participatif, s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants sur leurs parcours d’orientation. Aujourd’hui : Aliyah, 19 ans, étudiante à Paris, raconte sa découverte de l’université après les années lycée. A la fac, on peut « arriver trente minutes en retard », mais alors on doit « essayer de trouver une place dans l’amphi bondé ».

Pour aller à mon lycée, c’était quinze minutes de marche, dix minutes quand j’étais en retard. Seule avec mes écouteurs ou avec mes potes. Exceptionnellement, le bus, quand on avait la flemme. Maintenant, pour aller à la fac Paris-Descartes, c’est quarante minutes, serrés dans le train. Et c’est quand j’arrive à l’avoir ou que j’ai réussi à me battre pour y entrer ! Puis, c’est le métro, la ligne 4 qui a l’air d’être au bord de l’effondrement, la ligne 13 où vous n’aurez jamais une place assise quelle que soit l’heure.

Le lycée, c’était avoir peur d’arriver cinq minutes en retard, parce que le prof allait te dire d’aller chercher un papier à la vie scolaire et devoir inventer une excuse autre que : « Je suis désolée, mon réveil n’a pas sonné ! ». La fac, tu peux arriver trente minutes en retard parce qu’il y avait un colis suspect sur la ligne 12 et essayer de trouver une place dans l’amphi bondé, pendant que le prof continue à parler dans son micro, sans même te jeter un regard.

Le lycée, c’était pouvoir rentrer chez moi quand j’avais des heures de permanence, ou juste quand je sentais l’odeur du poisson de la cantine et que je savais qu’il y avait un reste de lasagnes dans le frigo. La fac, c’est savoir que je pourrai rentrer chez moi que quand je n’ai plus de cours. Mais aussi quand j’ai trois heures de trou et que je ne vais pas revenir pour une heure de cours en fin de journée, sachant que je ne serai de toute manière pas notée absente. La fac c’est également le choix seulement entre les frites de la cantine du CROUS ou le « menu » à 6 euros de la boulangerie.

Monter sept étages et courir d’un amphi à l’autre

Le lycée, c’était aussi juste monter deux étages maximum pour aller en cours et traverser le couloir pour aller en maths. La fac, c’est perdre dix kilos en montant sept étages et faire un marathon pour aller d’un amphi à l’autre. Au lycée, je connaissais tous les numéros des salles, je savais exactement où tout était, mais à la fac, je découvre de nouveaux ascenseurs tous les jours. Limite, je demande mon chemin comme si j’étais une touriste !

Mais le lycée, c’était aussi être près de mes parents. Ils connaissaient les noms de mes amis, même de mes profs. C’était les avoir près de moi. La fac, c’est s’éloigner de chez moi, autant physiquement que mentalement. C’est utiliser cette distance pour gagner en liberté. C’est partager moins de repas avec eux, ne pas forcément leur raconter ma journée en détail. C’est une transformation de notre relation, pas forcément meilleure ou pire, juste différente.

Gérer mon emploi du temps, sortir plus souvent, être plus indépendante et surtout me découvrir, c’est aussi ça être à la fac. Une liberté qui arrive avec beaucoup de nouvelles responsabilités, pas toujours faciles à assumer, mais qui m’ont permis de grandir, et j’en suis très contente.

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. / ZEP

La zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-25 ans

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 25 ans par des journalistes professionnels. Par l’intermédiaire d’ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.

Tous leurs récits sont à retrouver sur Le Monde Campus et sur la-zep.fr.