Delphine Batho, à l’Assemblée nationale, en 2018. / BERTRAND GUAY / AFP

Une liste de plus. Lundi matin, Delphine Batho, l’ancienne ministre socialiste de l’écologie et présidente de Génération écologie, et Antoine Waechter, coprésident du Mouvement écologiste indépendant, ont lancé leur liste pour les élections européennes. « Urgence écologie », c’est son nom, sera conduite par Dominique Bourg, philosophe, professeur à l’université de Lausanne et ancien vice-président de la Fondation Nicolas-Hulot.

« La mobilisation pour le climat est d’une ampleur sans précédent. Il y a une aspiration de la jeunesse et des citoyens pour que les réponses soient apportées et qu’elles soient à la hauteur de l’enjeu », a rappelé Mme Batho. Antoine Waechter complète : « Notre démarche est mue par un sentiment d’urgence, d’inquiétude et de colère. Le gouvernement ne fait rien pour le climat, ni pour les énergies renouvelables. » Et l’ancien député européen âgé de 70 ans, qui fut le candidat des Verts à l’élection présidentielle de 1988 (3,8 % des voix au premier tour), de vilipender la « dictature libérale où tout est fait pour libérer le jeu des acteurs financiers ».

Ni droite ni gauche

Dominique Bourg, lui, insiste également sur « l’urgence » de la situation qui « l’affole et l’atterre » : « On ne peut plus attendre. On a douze ans pour diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre. Sinon, on se dirigera vers une planète-étuve », lance-t-il.

Ce novice en politique, qui promet que son engagement sera « un one shot », veut mettre en avant dans sa campagne des thèmes écologistes chimiquement purs : la question du climat, du vivant, mais aussi l’effondrement de la société industrielle ou les questions agricoles. « On parlera aussi de la confiscation de l’Europe par les lobbys qui constituent un élément du discrédit et du rejet des institutions par les citoyens », précise encore Mme Batho.

Une grande difficulté s’annonce pour cette liste qui se veut « totalement indépendante » : exister face à Europe Ecologie-Les Verts (EELV). La liste de Yannick Jadot connaît une vraie dynamique et entend incarner le message écologiste. Comme veulent le faire également Benoît Hamon avec Génération.s et Raphaël Glucksmann, nouvelle tête de liste de l’alliance entre le Parti socialiste et Place publique, mais aussi La République en marche. Comment faire pour se faire entendre ? « On veut introduire une écologie indépendante du socialisme et du libéralisme, mais aussi des comportements électoralistes », explique doctement M. Waechter, qui a toujours défendu le « ni-ni » (ni droite ni gauche) quand il était chez les Verts, jusqu’en 1994. Ironie de l’histoire écolo, à l’époque la formation rivale n’était autre que Génération écologie, aujourd’hui son allié.

Dominique Bourg abonde : « On ne veut pas faire d’écologie d’appoint ou de caution. Ce qui occupe EELV, ce sont les alliances politiques. Vue la situation, c’est dérisoire. On veut sauver la planète, pas la gauche. » Cependant, si la liste « Urgence écologie » a des élus au soir du 26 mai, ils siègeront dans le groupe des Verts européens, comme EELV.

« On veut amener des forces et des idées nouvelles au service d’une cause », explique Mme Batho. La députée des Deux-Sèvres, qui vient de sortir un essai, Ecologie intégrale, le manifeste (éditions du Rocher, 120 pages, 9,90 euros), ajoute que « beaucoup de Français ne se reconnaissent pas dans l’offre politique existante. Notre liste sera ouverte aux forces vives, à la nouvelle génération climat qui s’exprime dans la rue ». Elle et M. Waechter seront bien sur la liste, mais en position non éligible. La liste complète doit être dévoilée dans deux semaines.