Alors que la jeune génération d’humoristes parle peu ou pas de politique, Christophe Alévêque en a fait depuis plus de vingt ans son terrain de prédilection. Cette année encore, au Théâtre du Rond-Point, à Paris, et en tournée, il revient avec ses feuilles de notes et son pupitre pour délivrer une redoutable revue de presse, exercice dans lequel cet héritier de Guy Bedos excelle.

« Nous sommes réunis pour un tour exhaustif et objectif de l’actualité. Je vous préviens, je ne comprends plus rien au fonctionnement actuel du monde », précise le trublion en jugeant que « dans l’ensemble, tout va globalement mal ». Dimanche 17 mars, Christophe Alévêque est en grande forme, tant la matière qu’il explore est inépuisable et de plus en plus folle.

Brexit or not Brexit, manifestations en Algérie, pédophilie au sein de l’Eglise, retour de Bernard Tapie devant les tribunaux, affaire Benalla, polémique sur l’âge réel de Jeanne Calment, actes à répétition des « gilets jaunes », grand débat qui n’en finit pas, vente par l’Etat d’entreprises bénéficiaires (Aéroports de Paris et Française des jeux), etc., il suffit à cet inlassable « bouffeur » d’infos, qui adapte son spectacle au gré des sursauts de l’actualité, de lire la presse ou d’écouter la radio pour composer des feuilletons rocambolesques.

« Trop d’infos tue l’info, trop de lois tue la loi, mais trop de conneries n’a jamais tué un con », prévient l’humoriste

Tout ce qu’il raconte est vrai, c’est pour ça que c’est grave et drôle à la fois. « On a l’impression que les mecs bossent pour les humoristes » s’amuse-t-il en refaisant le film des épisodes Benalla, de la petite phrase d’Emmanuel Macron en juillet 2018, « s’ils veulent un responsable, il est devant vous, qu’ils viennent le chercher », en passant par la disparition du coffre-fort de l’ex-collaborateur de l’Elysée « pour pas qu’on lui vole ». Râleur, blagueur, roublard, Christophe Alévêque décortique pendant près de deux heures l’hypocondrie médiatique qui nous menace. « Trop d’infos tue l’info, trop de lois tue la loi, mais trop de conneries n’a jamais tué un con », prévient l’humoriste.

Le pouvoir d'achat
Durée : 05:54

Ironisant sur le côté narcissique et donneur de leçons de Macron, il s’amuse à répéter que Sarkozy lui manque et à se moquer de Jean-Luc Mélenchon qui voit « les “gilets jaunes” réaliser son rêve sans lui ». A la question « qui a voté Macron au premier tour ? », aucun spectateur ne lève le doigt. « C’est marrant il y a six mois, la moitié de la salle répondait », remarque, goguenard, Christophe Alévêque.

Irrespectueux mais sagace, parfois graveleux mais sachant toujours faire du public son complice, ce bateleur n’est jamais aussi drôle que lorsqu’il décrypte les explications livrées par les gens de pouvoir pour nous faire avaler les scénarios les plus invraisemblables. Il faut le voir, par exemple, enfoncer son pupitre au rythme des atermoiements sur la taxe d’habitation.

Exutoire face à la folie du monde, thérapie collective pour citoyens déboussolés, le spectacle de Christophe Alévêque, insolent et revigorant, tient sa promesse : on en ressort plus léger que quand on est entré, avec une furieuse envie de se déconnecter de l’info en continu.

Humoriste engagé / Christophe Alévêque revient bien sûr
Durée : 00:34

« Christophe Alévêque revient bien sûr », de et avec Christophe Alévêque, les dimanches 7 avril et 26 mai à 18 h 30 au Théâtre du Rond-Point à Paris et en tournée.