Chantal et François, deux personnes sans-abri, dans les rues de la capitale, en 2009. / FRED DUFOUR / AFP

Ce sont 3 641 sans-abri qui ont été recensés dans la capitale, lors de la deuxième édition de la Nuit de la solidarité, organisée par la Ville de Paris, du 7 au 8 février. Soit 619 personnes de plus qu’en 2018 qui dorment à la rue, alors que trois mille nouvelles places d’hébergement ont été ouvertes. C’est ce que démontre l’analyse des résultats de cette opération, annoncés par la Mairie de Paris, mardi 18 mars.

La demande ne faiblit donc pas, saturant le numéro d’urgence du 115 et les 24 440 places d’accueil existantes. Certes, en 2019, le secteur d’investigation a été élargi aux parcs et aux jardins, aux talus le long du périphérique, à certains parkings ou halls d’immeubles. Mais à périmètre constant, ce sont tout de même deux cents personnes de plus qui ont été recensées par rapport à l’an dernier.

« Toutes les grandes métropoles du monde sont confrontées à ce flux incessant de nouveaux arrivants, de provinciaux ou de migrants », reconnaît Dominique Versini, adjointe à la solidarité de la maire de Paris. Comme en 2018, 35 % des personnes rencontrées sont arrivées dans la capitale sans solution d’hébergement.

En février, cinquante associations et deux cents bénévoles se sont mobilisés pour quadriller les rues de la capitale, mais aussi les gares, les stations de métro ou les urgences des hôpitaux. Ils ont aussi interrogé, chaque fois que c’était possible, les personnes rencontrées, livrant ainsi de précieux éléments qualitatifs sur les besoins de ce public. Parmi celui-ci, peu de familles (3 %), mais une forte majorité de personnes isolées (65 %), ainsi que 12 % de femmes.

Des accès réservés aux femmes…

« Cette présence des femmes qui, bien souvent, se cachent dans les recoins de la ville et ne veulent pas non plus aller dans des centres d’hébergement mixtes, c’est l’un des enseignements tirés de la première édition, souligne Mme Versini. C’est pourquoi, dès 2018, nous avons ouvert trois lieux qui leur sont dédiés. Et l’on continuera. On souhaite que chaque mairie accueille les sans-abri, les élus doivent s’impliquer. »

La municipalité étoffe le maillage des lieux d’hygiène, des bains-douches avec des accès réservés aux femmes, et s’emploie à créer une douzaine de restaurants solidaires et des cuisines partagées pour ceux qui logent à l’hôtel. La ville ouvrira aussi un lieu de gestion du courrier pour domicilier trois fois plus de sans-abri, qui ont besoin d’une adresse. Nombre de participants au comptage veulent aussi aller plus loin et s’impliquer davantage. « Nous allons ouvrir un lieu de formation et d’information, de mise en contact avec les associations, qui voient ainsi l’arrivée d’une nouvelle génération de bénévoles, avec de jeunes actifs âgés de 30 à 50 ans », se félicite Dominique Versini.

Le principal point noir reste le faible taux de réponse du 115 (63 % des sans-abri ne l’appellent jamais) et la saturation des centres d’hébergement. « Il faut que les demandes comme les capacités d’accueil, qui doivent être développées, soient gérées au niveau de la métropole. C’est à l’Etat, dont c’est la compétence, de mettre cela en place », exhorte encore l’adjointe à la Mairie de Paris.

En 2020, la troisième édition devrait avoir lieu, la même nuit, dans nombre de villes françaises – Metz, Grenoble et Rennes l’ont déjà fait cette année – mais aussi européennes, Bruxelles, Athènes, Barcelone (peut-être Berlin) ayant prévu de tenter l’expérience.