C’est un coup dur pour Génération.s. Cinq jours à peine après l’annonce de la candidature de Raphaël Glucksmann aux élections européennes comme tête d’une liste d’union avec les socialistes, Aurore Lalucq, l’une des porte-parole du mouvement de Benoît Hamon, annonce qu’elle rejoint le fondateur de Place publique (PP).

Mme Lalucq a fait savoir, vendredi 15 mars, qu’elle renonçait à être candidate sur la liste de Génération. s et qu’elle se retirait pour des raisons personnelles. Interrogé sur France Inter, lundi dans la matinée, Raphaël Glucksmann avait glissé son nom lors d’une interview, la présentant comme l’une des personnes qu’il aimerait voir figurer à ses côtés.

« Nous ne sommes pas surpris, car elle n’était pas contente qu’on ne puisse lui garantir une place juste derrière Benoît [Hamon] », lâche-t-on dans l’entourage de ce dernier. « C’est un peu triste, mais cela fait longtemps qu’elle ne participait plus à la vie politique du mouvement », confie, de son côté, le député européen Guillaume Balas. Le mouvement fait le dos rond, mais c’est un signe négatif dans un début de campagne difficile.

« Elle n’a pas voulu prendre de risque »

Benoît Hamon avait pourtant pensé prendre un coup d’avance quand, le 8 janvier, il proposait une primaire sous la forme d’une votation citoyenne aux autres forces de gauche, en vue de désigner la tête de liste au scrutin européen. Puis en annonçant, dix-huit jours plus tard, sa liste en solo, alors que des discussions avaient été lancées depuis des semaines avec les dirigeants de Place publique. L’ancien ministre imaginait alors attirer à lui les hésitants. Mais les sondages sont restés atones (autour de 2,5 % des intentions de vote). Et c’est Raphaël Glucksmann et Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), bras dessus bras dessous, samedi dans la Marche pour le climat, qui prenaient la lumière dans le cortège.

Aurore Lalucq, jeune économiste, est une proche de l’ancien socialiste. Codirectrice de l’institut Veblen, spécialiste de la monétarisation de la nature, elle était à ses côtés lors de la primaire socialiste. Elle s’est ensuite investie dans sa campagne présidentielle en travaillant sur les questions d’écologie. Elle est aussi aux premières loges lors de la création du Mouvement M1717, en juillet 2017. La quadragénaire se voit nommer porte-parole de Génération. s dans la foulée. « Elle n’a pas voulu prendre de risque », souffle M. Balas, faisant allusion à une place éligible incertaine.

A Place publique, on se réjouit de ce choix. « Cela faisait longtemps qu’on essayait de la faire venir. Cela montre que la dynamique de notre campagne est lancée », se félicite Claire Nouvian, coanimatrice du mouvement. « C’est un signe qu’on réussit à convaincre des personnalités qui, comme nous, trouvent inconcevable que des gens qui luttent pour les mêmes idées et partagent les mêmes combats ne partent pas [aux élections] ensemble », renchérit M. Glucksmann.

Du côté du Parti socialiste (PS), Olivier Faure y voit aussi un signe positif : « On n’arrivera peut-être pas à unir les appareils à gauche, mais on fait venir des gens qui incarnent des idées fortes », assure le premier secrétaire, qui cite le ralliement de Pierre Larrouturou de Nouvelle Donne, annoncé vendredi, ou celui, attendu, de Marie-Pierre Bresson, coprésidente de l’Union des démocrates et des écologistes.