Le logo du Team Sky disparaîtra du peloton dès le 1er mai. / Regis Duvignau / REUTERS

On connaît le nom de l’équipe du probable prochain vainqueur du Tour de France : « Team Ineos » remplacera dès le 1er mai le réseau de télévision Sky comme sponsor de la meilleure équipe cycliste du monde.

L’information avait été ébruitée ces derniers jours par la presse spécialisée anglo-saxonne. L’équipe Sky l’a confirmé mardi 19 mars par un communiqué, indiquant qu’Ineos devenait propriétaire de la structure de l’équipe, selon le même modèle que le Team Sky.

Cette annonce « met un terme à l’incertitude autour de l’équipe et la vitesse à laquelle elle est intervenue est un énorme vote de confiance pour notre avenir », s’est réjoui Dave Brailsford, qui conservera les rênes de la structure malgré les polémiques entourant sa gestion.

Compte tenu de l’envergure du nouveau sponsor et de la fortune de son propriétaire, Jim Ratcliffe, il est probable que l’équipe Ineos dispose au moins des mêmes moyens qui ont, en partie, fait le succès du Team Sky, vainqueur de six des sept derniers Tours de France.

Sept mois après avoir promu la sauvegarde des océans sur le Tour de France dans le cadre de la campagne « Sky Ocean Rescue », l’annonce d’une reprise de l’équipe par ce fabricant de produits chimiques et de matières plastiques a quelque chose d’ironique.

A l’automne dernier, Greenpeace et les Amis de la Terre ont protesté contre l’annonce de la mise à l’eau d’un bateau Ineos sur la prochaine Coupe de l’America 2021, arguant que l’entreprise, également spécialisée dans la fracturation hydraulique, « détruisait l’environnement ».

C’est une préoccupation que n’auront sans doute pas les 29 coureurs du Team Sky, dont le futur était incertain depuis que le groupe de télévision, sponsor et propriétaire de l’équipe depuis sa création en 2009, a annoncé son retrait à la fin de la saison.

L’homme le plus riche de Grande-Bretagne

Jim Ratcliffe, propriétaire d’Ineos, le futur sponsor de l’équipe cycliste britannique. / Toby Melville / REUTERS

Depuis l’annonce du départ de la Sky, les dirigeants de l’équipe s’étaient montrés confiants et espéraient être en mesure d’annoncer un repreneur au mois de mai.

Considéré comme l’homme le plus riche de Grande-Bretagne, avec une fortune estimée à 21 milliards de livres (23,5 milliards d’euros) selon le Sunday Times, Jim Ratcliff est un farouche partisan du Brexit.

Il avait suscité l’indignation dans son pays l’été dernier en s’exilant dans la principauté monégasque, à l’abri du fisc britannique après avoir fait campagne en faveur de la sortie de l’Union européenne. A Monaco, il peut croiser ses deux nouveaux employés, Geraint Thomas et Christopher Froome, qui seront les leaders de la Sky sur le prochain Tour de France.

L’homme a toujours bataillé contre les impôts, et c’est pour une plus grande « liberté législative et bureaucratique » qu’il a fait campagne pour le Brexit, explique-t-il dans sa récente autobiographie (The Alchemists, the Ineos Story, de Jim Ratcliffe et Ursula Heath, éditions Biteback Publishing, 2018, non traduit).

Un passionné de sport

En 2008, alors que son empire pétrochimique était en sérieuse difficulté, croulant sous les dettes, il n’avait pas hésité à menacer le premier ministre d’alors, Gordon Brown, de déménager son entreprise en Suisse si ce dernier ne lui accordait pas un moratoire de six mois sur sa TVA.

Mais le gouvernement britannique était lui-même aux abois financièrement à cette époque, et Ineos, alors presque inconnu du grand public, avait essuyé un refus sans appel. Furieux, Jim Ratcliffe avait mis son projet à exécution, déplaçant le siège à Rolle, entre Genève et Lausanne.

Dans un communiqué, l’homme d’affaires se félicite de promouvoir une discipline « de plus en plus populaire » en tant que sport de compétition et moyen de déplacement, « bon pour la santé et la forme, ainsi que pour lutter contre la congestion et la pollution des villes ».

Jim Ratcliffe, 66 ans, est un passionné de sport. Il participe à de longues courses à pied dans le désert et fait régulièrement du vélo. Outre les 110 millions de livres (130 millions d’euros) investis pour la prochaine Coupe de l’America, il a racheté le club de football de Lausanne en 2017. On lui prêtait, en 2018, l’intention d’acquérir le club londonien de Chelsea, propriété de l’oligarque russe Roman Abramovitch.

Le cyclisme est un divertissement moins coûteux. Et pour Jim Ratcliffe, la mauvaise réputation qui colle aux basques de l’équipe Sky est sans conséquence : en vingt ans de carrière dans la pétrochimie et de révoltes syndicales écrasées d’une main de fer, l’enfant du Lancashire ne s’est jamais soucié des commentateurs.