La ministre de la justice, Ayelet Shaked, le 18 novembre 2018. / Amir Cohen / REUTERS

En Israël, en pleine campagne pour les élections législatives, la ministre de la justice, Ayelet Shaked, a mis en ligne une vidéo pour le moins accrocheuse qui la montre se parfumant avec une fragrance « fasciste ».

Les publicités politiques à la télévision ne sont autorisées que deux semaines avant le scrutin – qui a lieu le 9 avril – et les partis s’en remettent plus que jamais aux réseaux sociaux.

« Honte »

Cette vidéo de 44 secondes est censée tourner en dérision les accusations de fascisme de ses détracteurs. Dans ce clip en noir et blanc, Mme Shaked, 42 ans, détourne les images convenues des pubs pour les produits de luxe. Elle apparaît en train de se saisir d’un flacon sur lequel il est écrit « fascisme » en anglais, qu’elle vaporise sur elle, avant de commenter : « Pour moi, ça a le parfum de la démocratie. »

Le message : n’en déplaise à ses adversaires, la politique qu’elle défend depuis quatre ans comme ministre de la justice et son programme de « révolution » judiciaire – si elle est reconduite dans son poste après les législatives – sont la quintessence de la démocratie.

Cependant, il n’est pas certain que tout le monde ait compris le sens de la vidéo. « Tous ceux qui ne savent pas que la gauche accuse souvent Shaked de fascisme comprendront qu’elle soutient le fascisme en le présentant comme la démocratie », a commenté sur Twitter Eylon Levy, journaliste de la chaîne i24.

« J’ai eu honte, comment avez-vous pu laisser faire une chose pareille ? », a demandé, sur le même réseau social, Yehoudit Shilat, figure du parti nationaliste religieux Foyer juif. Mme Shaked a aussi été critiquée pour alimenter les clichés sexistes. Au contraire, pour Haim Har-Zahav, journaliste à la radio publique, « ce clip est l’un des moments les plus honnêtes de la campagne, enfin une personne qui affiche ses idées, bravo ».

Campagne tapageuse

Les sondages suggèrent que le parti Nouvelle Droite pourrait ne pas s’en tirer aussi bien qu’attendu aux élections, et d’autres partis se font entendre comme ils peuvent dans une campagne tapageuse.

Dans une vidéo, le député Oren Hazan a détourné une scène du western spaghetti Le Bon, la Brute et le Truand. On le voit dans son bain sortir son six-coups pour abattre le chef de la liste arabe Raam-Balad, Jamal Zahalka. Un porte-parole de Raam-Balad a indiqué qu’une plainte allait être déposée pour incitation au meurtre.

L’ancien chef d’état-major Benny Gantz, principal concurrent du premier ministre Benyamin Netanyahou, a lui vanté, dans une vidéo, le nombre de « terroristes » palestiniens tués et de cibles détruites sous son commandement lors de la guerre de 2014 contre le mouvement islamiste Hamas à Gaza.

Pas en reste, le Likoud a mis en scène le surcroît de violences palestiniennes qu’entraînerait selon lui la victoire de M. Gantz. Un clip montre des images tournées sur les lieux d’attentat et dans un cimetière militaire. Face aux critiques, M. Netanyahou a déclaré que ce clip était une erreur et ses concepteurs ont été remerciés.