Tsunekazu Takeda a démissionné de son poste de président du Comité olympique japonais. / Issei Kato / REUTERS

Les dégâts d’images étaient intenables pour l’organisation des Jeux olympiques 2020 à Tokyo. Deux mois après la révélation, par Le Monde, de sa mise en examen en France pour corruption active, Tsunekazu Takeda, président du comité olympique japonais (JOC), a fini par annoncer son départ, mardi 19 mars. Contrairement à ce qu’il envisageait, il ne sera pas candidat à sa succession en juin prochain.

« J’ai atteint la limite d’âge, (…) j’ai pensé que la décision la plus convenable était de me retirer du comité japonais et du comité international olympique », a déclaré M. Takeda, 71 ans, à l’issue d’une réunion à Tokyo.

Membre influent du comité international olympique (CIO), ce septuagénaire incarne l’olympisme japonais et était à l’origine de la victoire de la candidature tokyoïte à l’organisation des Jeux.

Son départ était pressenti depuis plusieurs jours dans la presse japonaise. Pour l’agence Kyodo News, Takeda allait se retirer dès ce mardi. Pour le quotidien The Asahi Shimbun, il pouvait simplement choisir de ne pas briguer un autre mandat à la tête du JOC en juin. C’est la seconde option qui a été privilégiée.

En janvier, un peu avant la divulgation de ses déboires judiciaires, le JOC préparait pourtant encore une dérogation spéciale, permettant à son président, âgé de 71 ans, de poursuivre son mandat jusqu’aux JO en 2020. La limite d’âge est fixée à 70 ans pour tout dirigeant du JOC.

Bach ne voulait plus apparaître à ses côtés

L’élément déclencheur de sa démission aurait été le refus du président du CIO, Thomas Bach, de venir assister à la cérémonie anniversaire organisée cet été, le 24 juillet, à un an du début des JO. L’Allemand ne souhaiterait pas apparaître aux côtés de Takeda. Comme le rapporte Kyodo News, cette situation délicate aurait été évoquée au plus haut niveau lors d’une rencontre entre le premier ministre nippon Shinzo Abe et le président de Tokyo 2020, Yoshiro Mori, scellant le sacrifice de Takeda.

De souche impériale, l’arrière-petit-fils de l’empereur Meiji a un passé olympique qui sied à son rang. Il a participé à cinq JO depuis ceux de 1972 en tant que cavalier puis entraîneur de l’équipe d’équitation. En poste à la tête du JOC depuis 2001, il a présidé également la commission du marketing au CIO.

Le logo de Tokyo 2020. / Toru Hanai / REUTERS

Virements suspects

C’est son ancien statut de président de la candidature japonaise qui lui vaut sa mise en examen. Tsunekazu Takeda est soupçonné par les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Stéphanie Tacheau d’avoir autorisé le paiement de pots-de-vin en vue de l’obtention des Jeux.

Takeda a toujours nié toute corruption. Sa démission forcée ne sonne pas encore comme un aveu, mais elle montre que le CIO et les autorités japonaises ne peuvent plus contourner le problème. Les enjeux économiques sont bien trop importants pour une compétition, dont le coût a déjà explosé entre ce qui était annoncé au moment de la candidature (6 milliards) et le coût total réel (estimé autour de 20 milliards d’euros).

Dans le cadre d’une demande d’entraide judiciaire internationale, M. Takeda a été entendu le 6 février 2017 par deux membres du parquet général de Tokyo. Il a ensuite été entendu le 10 décembre 2018 par les enquêteurs du Parquet national financier (PNF), qui n’ont pas été convaincus par ses explications sur deux virements considérés comme suspects et qu’ils assimilent à des pots-de-vin.

Ces deux virements effectués le 30 juillet et le 28 octobre 2013 en faveur de Black Tidings, une société basée à Singapour, pour un montant global de 1,8 million d’euros, ont été autorisés par le dirigeant japonais. Selon M. Takeda, ils correspondent à la remise de deux rapports qui auraient guidé Tokyo sur la voie du succès pour accueillir les Jeux olympiques aux dépens d’Istanbul et de Madrid.