A Marseille, 5 000 personnes – dont 200 « gilets jaunes » – se sont rassemblées au Vieux-Port, selon la préfecture de police, mardi 19 mars. / JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

Plusieurs dizaines de milliers de personnes ont commencé à se rassembler un peu partout en France, mardi 19 mars, pour réclamer davantage de pouvoir d’achat et défendre les services publics lors d’une journée d’action organisée par la Confédération générale du travail (CGT) et Force ouvrière (FO).

Hausse du smic et des salaires en général, revalorisation des retraites, justice fiscale… les mots d’ordre sont multiples pour cette mobilisation qui veut « amplifier le mouvement social » et à laquelle ont également appelé Solidaires, la Fédération syndicale unitaire (FSU), l’Union nationale des étudiants de france (UNEF) et l’Union nationale lycéenne (UNL).

Dans les transports, le trafic était normal à la SNCF et quasi normal à la RATP, selon les deux entreprises. En revanche, les transports en commun ne fonctionnaient pas sur la Côte d’Azur. Plusieurs établissements pénitentiaires étaient par ailleurs bloqués, comme à Saint-Martin-de-Ré et Bordeaux-Gradignan. Les syndicats de Pôle emploi avaient également appelé à la grève contre les suppressions de postes chez l’opérateur public.

Grève très suivie par les enseignants

Les enseignants étaient nombreux parmi les manifestants, et la grève dans les écoles maternelles et élémentaires était suivie, mardi 19 mars, par près d’un quart d’entre eux, selon les chiffres du ministère de l’éducation. De son côté, le principal syndicat de l’enseignement primaire recense environ 40 % de grévistes.

Selon les chiffres du ministère publiés à la mi-journée, 16,09 % des enseignants se sont mis en grève lors de cette journée de mobilisation interprofessionnelle : 23,84 % dans le premier degré (écoles maternelles et élémentaires) et 8,85 % dans le second degré (collèges et lycées).

Dans le secondaire, le Syndicat national des enseignements de second degré-Fédération syndical unitaire (SNES-FSU) ne connaissait pas le taux de grévistes, les professeurs des collèges et lycées n’ayant pas l’obligation de se déclarer à l’avance, contrairement au premier degré.

Francette Popineau, secrétaire générale du Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC (SNUipp-FSU), premier syndicat dans le primaire, se félicite du « taux le plus haut depuis 2017 ». Parmi les critiques qu’adressent les enseignants au gouvernement : l’instruction obligatoire à 3 ans sans moyens supplémentaires, les évaluations au primaire ou le fait que les écoles seraient placées sous l’autorité d’un principal de collège. Autre facteur de mobilisation, le projet de réforme de la fonction publique, qui prévoit notamment un recours accru aux contractuels, une plus grande individualisation de la rémunération, ainsi que des mesures pour « favoriser la mobilité » des agents, qui s’inscrivent dans l’objectif de réduction des effectifs de 120 000 postes d’ici à 2022.

« La violence est un aveu de faible »

Eclipsés depuis quatre mois par les « gilets jaunes » et n’ayant pas participé au grand débat lancé par l’exécutif, CGT et FO espèrent revenir au premier plan par les manifestations et les grèves.

Lors de la dernière journée, le 5 février, le ministère de l’intérieur avait recensé 137 200 manifestants et la CGT près de 300 000. Des militants FO étaient présents mais pas la confédération, fragilisée ces derniers mois par le scandale du fichage des cadres qui avait abouti au départ du secrétaire général Pascal Pavageau.

Comme les fois précédentes, la Confédération française démocratique du travail (CFDT), qui a fait le choix de participer au grand débat en y versant son « pacte du pouvoir de vivre », ne s’est pas associée à cette journée, « dont on ne sait pas vraiment quel est le mot d’ordre », selon Laurent Berger.

Trois jours après le saccage des Champs-Elysées, le déroulement de la manifestation parisienne sera également suivi de près. Edouard Philippe a annoncé lundi soir l’interdiction de manifester « chaque fois qu’il le faudra », dans les quartiers « les plus touchés », « dès lors que nous aurons connaissance d’éléments “ultras” et de leur volonté de casser ». « La violence est un aveu de faible. Nous, nous appelons à manifester dans le calme », a réagi Yves Veyrier, (FO) dénonçant les « violences inadmissibles » de samedi.