La mathématicienne américaine Karen Uhlenbeck, spécialiste des équations aux dérivées partielles, à Princeton (New Jersey), le 18 mars. / ANDREA KANE / ACADEMIE DES SCIENCES DE NORVEGE / AFP

Les femmes ont fait un pas de plus, mardi 19 mars, vers plus d’égalité dans le monde encore très masculin des sciences, avec l’attribution du prestigieux prix Abel de mathématiques à l’Américaine Karen Uhlenbeck, spécialiste des équations aux dérivées partielles.

Elle est récompensée « pour son travail fondamental dans l’analyse géométrique et la théorie de jauge qui a radicalement modifié le paysage mathématique », a annoncé Hans Munthe-Kaas, président du comité, créé en 2003 par le gouvernement norvégien pour compenser l’absence de Nobel de mathématiques.

« Ses théories ont révolutionné notre compréhension des surfaces minimales, telles que celles formées par des bulles de savon, et des problèmes de minimisation plus généraux en dimension supérieure », a fait valoir M. Munthe-Kaas.

Agée de 76 ans, Karen Uhlenbeck est maîtresse de recherches universitaire invitée à l’université de Princeton (New Jersey), professeure associée à l’Institute for Advanced Study (IAS) de Princeton, et professeure émérite à l’université d’Austin, au Texas.

Cette native de Cleveland, dans l’Ohio, « a élaboré des outils et des méthodes d’analyse globale qui font dorénavant partie de la boîte à outils de tout géomètre et analyste », a souligné l’Académie norvégienne des sciences et lettres.

Dix-neuf Nobel et une médaillée Fields

En décrochant ce prix, Mme Uhlenbeck entre dans le club encore restreint des femmes ayant décroché une prestigieuse récompense scientifique.

Sur les 607 lauréats du prix Nobel en physique, chimie et médecine entre 1901 et 2018, on trouve seulement dix-neuf femmes – Marie Curie ayant été récompensée deux fois, avec le prix Nobel de physique et de chimie –, selon le site officiel des Nobel.

Outre le prix Abel, l’autre grand prix mondial de mathématiques, la médaille Fields est, elle, décernée tous les quatre ans. Cette récompense est elle aussi revenue une seule fois à une femme : à l’Iranienne Maryam Mirzakhani en 2014.

Dans ce contexte, Mme Uhlenbeck, qui fut la première mathématicienne élue à l’Académie nationale des sciences et fonda, en 1994, un « Programme pour les femmes et les mathématiques » à Princeton, fait encore figure de pionnière.

« Je suis consciente d’être un modèle pour les jeunes mathématiciennes. Mais c’est difficile d’être un exemple, car ce qu’il faut vraiment faire, c’est montrer aux étudiants combien les gens peuvent être imparfaits et réussir malgré tout… »

Accompagné d’une récompense de 6 millions de couronnes (620 000 euros), le prix Abel, du nom du mathématicien norvégien Niels Henrik Abel (1802-1829), doit être remis formellement à Mme Uhlenbeck le 21 mai à Oslo.