La première ministre britannique, Theresa May, le 13 mars à Londres. / MARK DUFFY / AFP

Conformément aux votes des députés britanniques la semaine dernière, la première ministre Theresa May a fait savoir qu’elle comptait envoyer mercredi 20 mars un courrier aux Vingt-Sept pour leur demander de repousser le Brexit de plusieurs semaines. Alors que l’échéance était jusqu’ici fixée au 29 mars à minuit – soit deux ans après l’activation de l’article 50 du traité européen –, Mme May souhaite qu’elle soit repoussée à la fin de juin.

La première ministre souhaite profiter de ce bref report pour faire voter une nouvelle fois par les députés britanniques l’accord sur le Brexit conclu entre Londres et Bruxelles, qu’ils ont pourtant rejeté par deux fois, en janvier et la semaine dernière. Ce bref report permettrait également à la Grande-Bretagne de ne pas participer aux prochaines élections européennes du 26 mai. Si le plan de Mme May fonctionne, le Royaume-Uni sortirait de l’UE à la fin de juin, soit quelques jours avant le début de la première session parlementaire.

Mais il faut désormais que les Vingt-Sept reçoivent cette lettre puis acceptent à l’unanimité de repousser la date du Brexit. Et si Mme May souhaitait qu’ils le fassent au cours du conseil européen qui se déroule jeudi et vendredi, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a douché ses espoirs mercredi matin :

« J’estime, cela vous surprendra peut-être, qu’il n’y aura pas de décision cette semaine lors du conseil européen, mais que nous devrons probablement nous voir de nouveau la semaine prochaine, parce que Mme May n’a d’accord sur rien au sein de son conseil des ministres et au Parlement. »

La partie est donc loin d’être gagnée pour la première ministre. A la suite du second rejet de l’accord par les députés britanniques – accentuant le risque de « no deal » –, les dirigeants européens se sont dits ouverts à un report, mais il faut que cela soit justifié et que leur soit présentée « une alternative crédible », par exemple un vote positif du Parlement britannique au texte conclu entre Londres et Bruxelles. « Une extension [du Brexit], c’est une prolongation de l’incertitude, elle a un coût politique et économique, a prévenu Michel Barnier, lundi. C’est la raison, l’objectif de cette extension (…) qui conditionnera la durée » d’un report.

Obstacles

Mais la stratégie de Mme May a été entravée par le président de la Chambre des communes, John Bercow. Ce dernier a annoncé lundi qu’il n’autorisera pas un nouveau vote sur un texte identique. Se référant à une jurisprudence parlementaire datant de 1604, il stopperait Theresa May si, comme c’est son intention, celle-ci cherchait à faire revoter les députés sur « une motion identique ou substantiellement identique » à celle qu’ils ont massivement rejetée le 12 mars.

Downing Street reconnaissant que les négociations sont arrêtées avec l’UE, un troisième vote porterait logiquement sur un texte identique. « Nous traversons une crise constitutionnelle majeure », a estimé Robert Buckland, conseiller juridique du gouvernement.

De son côté, Bruxelles ne souhaite pas renégocier l’accord, estimant que la proposition sur la table est « la meilleure et la seule disponible ».

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