Le logo du fabricant danois de chaussures ECCO, à Vienne, en octobre 2016. / Leonhard Foeger / REUTERS

Catia tourne en boucle au Bon Marché. Que fait le plus réputé des logiciels de Dassault Aviation au beau milieu du magasin de luxe de la rive gauche de Paris ? Ce logiciel, qui permet de dessiner des ailes d’avion et d’estimer la résistance biomécanique des Airbus et Boeing, a été couplé à un scan et à une imprimante 3D pour fabriquer sur mesure, et automatiquement, des semelles en silicone à glisser dans une paire de baskets ECCO.

Le projet dit « Quant-U » de la marque danoise fait partie des 80 services présentés dans le grand magasin parisien à l’occasion de l’exposition « Geek mais Chic : le shopping du troisième millénaire », qui se tient jusqu’au 22 avril.

ECCO surfe ainsi sur la tendance de la personnalisation qui balaie le secteur de la mode et incite les marques à utiliser les nouvelles technologies pour proposer des produits adaptés aux goûts et aux particularités de chaque consommateur. Rien de très neuf sous la semelle d’ECCO : elle n’est pas la première des marques de chaussures à prendre position sur ce marché du sur-mesure.

Attirer les clients en magasin

Depuis vingt ans, Nike, numéro un mondial des articles de sport, propose à ses aficionados de créer leur propre paire de baskets en choisissant en ligne modèle, motif et teinte, et de leur livrer leur création sous trois à cinq semaines. En l’occurrence, ECCO fait un pas de côté : la marque ne fait pas dans l’esthétisme, mais « dans le confort », précise Patrizio Carlucci, président d’ILE, laboratoire d’innovations de la marque fondée en 1963.

L’objectif est aussi d’attirer ses clients en magasin, convient le dirigeant. Comme ses concurrents, l’enseigne est confrontée à l’envolée de ses ventes en ligne, qui bousculent son réseau de boutiques (2 200 dans 90 pays). Ainsi, la marque au 1,27 milliard d’euros de chiffre d’affaires a vu son activité bondir de 47 % sur Internet en 2017. Dès lors, cette machine « Quant-U » est censée inciter ses clients à pousser la porte d’un magasin et à acheter ce service de sur-mesure qui améliore le confort d’une basket en fonction de sa foulée ou de son poids.

Cette mini-ligne de production robotisée a été installée au Bon Marché pour quelques semaines et dans le magasin Isetan de Tokyo. Très technophiles, « les Japonais en raffolent », assure M. Carlucci. Bientôt, « Quant-U » sera à Berlin. Une heure suffit à l’imprimante 3D pour imprimer cette paire de semelles moelleuses, après avoir soumis ses pieds à un scan pour mesurer sa pointure et avoir marché sur un tapis roulant équipé de capteurs.

A en croire Jennifer Cuvillier, directrice du bureau de style du Bon Marché, l’avenir du commerce serait à « la création de ce type d’expériences exclusives ». Soit. Mais l’expérience n’est pas gratuite : une paire d’Ecco équipée de ses semelles en silicone est vendue 449 euros, contre environ 150 euros sans.