Le vice-chancelier et patron du parti d’extrême droite FPÖ, Heinz-Christian Strache, le 19 octobre 2018 à Vienne. / GEORG HOCHMUTH / AFP

« Après les attaques terroristes en Nouvelle-Zélande, nous, la communauté musulmane, avons déclaré : ça suffit. » La principale fédérale musulmane d’Autriche, IGGÖ (acronyme de Islamische Glaubensgemeinschaft in Österreich), a décidé de hausser le ton, et a annoncé mercredi 20 mars avoir déposé plainte pour « incitation à la haine » contre le vice-chancelier et patron du parti d’extrême droite FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs – Parti de la liberté d’Autriche), Heinz-Christian Strache.

Dans leur viseur : deux déclarations que le dirigeant auraient faites le 14 mars, selon l’IGGÖ, lors de la présentation d’un livre de l’auteur allemand néoconservateur Thilo Sarrazin, aux positions proches de l’extrême droite sur l’immigration.

Dans l’une, selon l’association, le vice-chancelier a affirmé que dans des jardins d’enfants autrichiens contrôlés par la mouvance de l’islam radical, « les enfants sont éduqués à travers des sermons haineux à devenir des martyrs ». Ces structures seraient au nombre de « 150 et plus » à Vienne, selon M. Strache. Dans une autre citation rapportée par l’IGGÖ, M. Strache aurait établi un lien entre « le pourcentage de citoyens musulmans » dans un pays et « les conditions d’une guerre civile ».

Le FPÖ dénonce une initiative « populiste »

« Les déclarations du vice-chancelier sont un dérapage, que nous ne pouvons plus accepter, a expliqué le président de l’IGGÖ, Ümit Vural, dans un communiqué. Personne n’est au-dessus des lois, aucune carrière de politicien n’est plus importante que la paix sociale dans notre pays. » Le FPÖ, qui gouverne avec les conservateurs du chancelier Sebastian Kurz depuis le début de 2017, a qualifié cette plainte d’initiative « populiste », reprochant à l’organisation musulmane de « détourner l’attention des problèmes » dans ses propres rangs.

Dans un rapport très détaillé dévoilé en janvier, l’organisation non gouvernementale SOS Mitmensch [semblable, en français] accuse le parti d’extrême droite d’attiser la haine envers les musulmans. L’organisation a relevé pas moins de vingt prises de parole de ministres ou de membres de la direction du parti pouvant être considérées comme racistes envers les musulmans.

Le FPÖ a par exemple réclamé qu’ils soient exclus des logements sociaux. Il a déploré leur naturalisation et accompagne systématiquement sa communication de visuels présentant des femmes en burqa ou en niqab, alors qu’une infime minorité de la population musulmane d’Autriche (8 % des habitants, l’un des taux les plus élevés de l’Union européenne) revendique son appartenance à un islam rigoriste.