« Engrenages », série créée par Alexandra Clert et Guy-Patrick Sainderichin (Canal+). / CAROLINE DUBOIS / SON ET LUMIÈRE / CANAL+

Chaque série adoptant un mode d’organisation propre, les étapes de création peuvent prendre des formes différentes, selon le créateur ou le directeur d’écriture, mais l’on retrouve toujours au moins une partie d’entre elles. Un créateur (celui qui a l’idée originale, qui est à la base du projet) rédige le plus souvent la bible, les arches, voire les premiers épisodes de sa série, parfois à deux, avant de faire appel à d’autres scénaristes lorsqu’il s’agit d’entrer en écriture des épisodes proprement dits.

La bible

Ce document écrit présente le concept de la série que l’auteur souhaite créer. Y sont indiqués le sujet explicite et la thématique implicite qui fonderont son univers : l’intention de l’auteur et le cadre général dans lequel évolueront les personnages. L’auteur y trace aussi à grandes lignes les éléments dramatiques et leur progression, les décors, le ton de la série, la présentation des personnages principaux et leurs relations.

C’est en général sur la base de cette bible que producteur et diffuseur décident de donner ou non leur feu vert au développement de l’écriture de la série. Mais le projet peut s’arrêter à tout moment s’il ne donne pas satisfaction.

Les arches

Ce document détaille un peu plus la mythologie de la série, ses lignes de force, les rebondissements de l’intrigue principale et les intrigues secondaires de la saison, le parcours émotionnel des personnages récurrents au fil des intrigues et l’évolution de leurs relations.

Cette étape charnière de la création d’une série est celle où le brainstorming, l’échange d’idées et de points de vue à deux ou à plusieurs en atelier, est le plus nécessaire.

Les synopsis

Le scénariste développe la trame dramatique d’un épisode, en reprenant les éléments du concept et de la thématique sous une forme approfondie, en affinant les contours de son intrigue principale ou de plusieurs d’entre elles, ainsi que ceux des principaux enjeux des personnages. C’est à ce stade de structuration de la narration que sont envisagés les éléments d’addiction, de suspense (les cliffhangers). Le synopsis peut donner lieu à plusieurs versions, en réponse aux remarques du diffuseur ou du directeur d’écriture qui chapeaute l’ensemble de la série.

Les séquenciers

Le séquencier reprend la succession des scènes d’un épisode sans les dialogues. Chaque scène est présentée de façon synthétique afin de donner un aperçu général de l’épisode au travers de l’évolution des personnages, des intrigues, du rythme et des décors. Un épisode de 52 minutes comprend souvent une quarantaine de scènes croisant intrigues et personnages. Un séquencier connaît au moins une version initiale (V1) et souvent beaucoup plus, ainsi qu’une version définitive (V déf.), après corrections et réécritures.

Les versions dialoguées

Il s’agit du texte écrit d’un épisode, comportant les dialogues complets et les intentions de mise en scène, un degré de liberté plus ou moins grand étant laissé au réalisateur selon la dynamique de l’équipe créative. Toute version dialoguée connaît au moins une version initiale, puis jusqu’à une vingtaine de versions, au fil des allers-retours entre les scénaristes, le directeur d’écriture, le producteur et le diffuseur, avant la version définitive.

Le créateur, auteur producteur ou directeur d’écriture, qui reçoit et relit les versions dialoguées de chaque épisode doit ensuite harmoniser l’ensemble (faire « le lissage »), voire tout réécrire, tout en s’appuyant sur les textes qui lui ont été remis, pour que la saison corresponde à sa vision et à la tonalité de son univers.

Cet article fait partie d’un dossier réalisé dans le cadre d’un partenariat avec le festival Séries mania, du 22 au 30 mars, à Lille. Seriesmania.com