Que se passera-t-il samedi 23 mars pour l’acte XIX des « gilets jaunes » ? Une semaine après les scènes de guérilla urbaine et le saccage de la plupart des magasins et restaurants des Champs-Elysées, le 16 mars, lors de la 18e journée de manifestation des « gilets jaunes », la situation est inédite : un nouveau préfet de police a été nommé, les militaires de l’opération antiterroriste « Sentinelle » mobilisés en renfort pour sécuriser certains bâtiments officiels, et, pour la première fois, des interdictions de manifester dans certains secteurs, notamment sur les Champs-Elysées et la place de l’Etoile, rendez-vous habituels des « gilets jaunes » dans la capitale depuis quatre mois.

Que feront, alors, ceux qui entendent continuer à faire pression sur le gouvernement pour revendiquer plus de pouvoir d’achat, moins de privilèges pour les élus et la mise en place du référendum d’initiative citoyenne, aujourd’hui principaux mots d’ordre des manifestants en gilet jaune auxquels se rajoutent, pour certains, la dissolution de l’Assemblée nationale ou le départ d’Emmanuel Macron ?

Nul ne le sait, mais alors que la semaine passée, de nombreux voyants annonçaient un samedi particulièrement violent, avec le mot d’ordre « ultimatum : la France entière à Paris », les messages virulents sur les réseaux sociaux postés cette semaine étaient moins nombreux. La page Facebook « Cerveaux non disponibles » qui appelait pour l’acte XVIII à exprimer sa colère « pas qu’en paroles » a publié mercredi 20 un nouveau texte soulignant au contraire l’importance « de ne pas tomber dans le piège d’une escalade inutile », « face à une répression qui s’annonce encore plus indistincte et aveugle ». Elle suggère l’invention de nouveaux modes de protestation pour s’en prendre notamment « au portefeuille », « au confort » ou à « l’image médiatique » des gouvernants, et à « des actions moins clivantes sur l’aspect de la violence » sans pour autant « enlever la radicalité du mouvement ».

Ce groupe Facebook est ainsi très hostile à la démarche du groupe de « gilets jaunes » pacifiques qui, depuis janvier, tient à déclarer un parcours de manifestation, en lien avec la préfecture, ce qui avait apaisé les cortèges pendant plusieurs semaines. Si aucun parcours n’avait été déclaré pour le 16 mars, les pacifistes étant appelés à rejoindre la marche pour le climat, vingt-huit cosignataires ont de nouveau déclaré un itinéraire pour ce samedi 23 mars. Les Champs-Elysées étant interdits, le parcours partira de la place Denfert-Rochereau vers 13 heures, pour se terminer au Sacré-Cœur.

Surveiller le reste de la France

Eric Drouet, l’une des figures du mouvement, a annoncé dans une vidéo qu’il serait à Paris, mais ne défilerait pas dans cette manifestation déclarée, qu’il juge inefficace. Il pourrait donc y avoir des groupes manifestant de façon erratique autour des Champs-Elysées, ou sur l’avenue, si certains ambitionnent de défier les forces de l’ordre. L’événement qui circule sur Facebook sous le nom « La guerre est déclarée » compte quelques centaines de « participants » annoncés. « Dès que des attroupement sont constatés » dans les zones interdites « il y a interpellation et amende » a mis en garde le secrétaire d’Etat à l’intérieur Laurent Nuñez. Les contraventions encourues sont passées, jeudi, de 38 à 135 euros.

Mais il faudra aussi surveiller le reste de la France. Le 8 décembre, une semaine après les violences autour de l’Arc de triomphe qui avaient particulièrement marqué les esprits, des affrontements violents avaient éclaté pour la première fois à Bordeaux et Toulouse, occasionnant de lourds dégâts matériels.

Il devrait ainsi être interdit de manifester place Pey-Berland, à Bordeaux et place du Capitole à Toulouse, et dans une partie de la ville de Nice, dont certains « gilets jaunes » veulent faire l’épicentre de cette 19e journée alors que la ville doit accueillir le début d’une visite officielle du président chinois Xi Jinping.

D’autres espèrent de grands rassemblements à Montpellier, La Rochelle ou encore dans le Nord, où une marche des « gilets jaunes » des Hauts-de-France doit relier Tourcoing (Nord) à Lille en présence de deux figures du mouvement, Priscillia Ludosky et Maxime Nicolle.

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