Geneviève Legay, 72 ans, a été blessée pendant l’acte XIX des « gilets jaunes » a Nice, le 23 mars. / VALERY HACHE / AFP

Interdit dans une grande partie de la ville, l’acte XIX des « gilets jaunes » à Nice a été émaillé, samedi 23 mars, par des heurts avec la police qui ont fait au moins une blessée grave, une manifestante de 72 ans. Au total, 80 personnes ont été interpellées, pour la majeure partie au cours de l’après-midi après une violente charge de police contre quelques centaines de manifestants qui ont tenté de pénétrer dans le périmètre interdit, par le secteur du Parc Impérial.

Le matin, quelques dizaines de personnes, dont certaines vêtues d’un gilet jaune, avaient déjà bravé l’interdiction de manifester en centre-ville en matinée, sur la place Garibaldi, où une militante altermondialiste septuagénaire s’est blessée en tombant pendant une charge de la police.

Les pompiers l’ont évacuée consciente, ont constaté des journalistes de l’AFP. Sa fille a confirmé à l’AFP qu’il s’agissait d’une membre de l’antenne départementale de l’association altermondialiste Attac 06, qui était venue pour le droit de manifester, avec un drapeau altermondialiste arc-en-ciel. La place Garibaldi est le lieu habituel des rassemblements niçois mais elle était incluse ce samedi dans le périmètre interdit aux « gilets jaunes ».

« Je me souviens qu’un policier m’a chargée »

« Elle souffre de plusieurs fractures au crâne, au rocher (oreille interne) et des hématomes sous-duraux », a précisé sa fille, ajoutant que les médecins avaient eu « très, très peur » pour elle quand ils l’avaient examinée. « Elle doit rester encore 48 heures sous surveillance. Elle est consciente, sous perfusion de morphine, car elle a de violents maux de tête », a-t-elle ajouté.

A sa fille qu’elle n’a d’abord pas reconnue, Geneviève Legay a raconté ce qui lui était arrivé en ces mots : « Je me souviens qu’un policier m’a chargée et après je ne me souviens de rien ».

Dans l’après-midi, un deuxième rassemblement, avec plusieurs centaines de « gilets jaunes », s’est tenu devant la gare SNCF Thiers. La situation a dégénéré au bout de deux heures de face-à-face sur le parvis de la gare, vers 15 heures 50, lorsqu’un groupe de quelques centaines de personnes a tenté de pénétrer en courant dans le périmètre interdit. Les forces de l’ordre ont répliqué par des tirs très nourris de gaz lacrymogène, et des grenades de désencerclement.

A Nice, où les manifestations de « gilets jaunes » se succèdent chaque samedi sans aucun débordement ni dégâts et un effectif modeste de quelques centaines de personnes depuis le début du mouvement, le périmètre d’interdiction de manifestations et de rassemblements mis en place par la préfecture était particulièrement étendu.

Outre l’acte XIX des « gilets jaunes », il s’agissait aussi selon les autorités d’assurer la sécurité d’une visite du président chinois Xi Jinping et d’Emmanuel Macron, dimanche et lundi. Le préfet a aussi établi des périmètres interdits à toute personne sauf aux résidents, avec un filtrage de l’accès par la police, des palpations et des fouilles, et une interdiction de circulation et de stationnement des véhicules. Ces restrictions supplémentaires concernent notamment une portion de la Promenade des Anglais située au pied du célèbre hôtel Negresco où doit séjourner le président chinois Xi Jinping.